Le Rugby Club Vannes va débuter ce dimanche soir (21h05) la première saison de l’histoire d’un club breton en Top 14. Pour cette plongée dans le grand monde, le calendrier les a gâtés avec la réception du Stade Toulousain, champion de France et champion d’Europe en titre. L’engouement pour ce match est énorme. L’ambiance au stade de la Rabine s’annonce superbe. Les Petits Poucets vannetais espèrent être à la hauteur et réussir leur baptême.
“Franchement, je me sens très bien. J’ai très bien dormi cette nuit. Je suis vraiment très content de ce qui nous arrive et de ce qui nous attend donc pour l’instant, tout va bien”. Le sommeil a sans doute été plus dur à trouver la nuit dernière mais le demi d’ouverture Maxime Lafage avait le sourire jeudi en conférence de presse. Détendu et très impatient de vivre “un match historique entre ces deux clubs. Ce match, c’est une ouverture du rugby français à une autre partie de la France. Il en a besoin et c’est très excitant”. Ce dimanche soir, tous les regards du monde de l’ovalie vont se tourner vers l’ouest.
Avec son titre de Pro D2 fêté dans la liesse en juin dernier, le RC Vannes a décroché le Graal et peut mesurer le chemin parcouru. Jean-Marc Pedron en est un témoin privilégié. Supporter depuis 1995, ancien joueur, éducateur, dirigeant, celui qui est aujourd’hui responsable des bénévoles du club se souvient “d’un tournoi de jeunes disputé il y a quelques années à Tyrosse où on avait pu affronter des équipes comme Biarritz, Bayonne et d’autres de renom”. “On avait dit aux enfants: ‘Profitez-en car jamais plus le RC Vannes ne jouera peut-être d’équipe comme celles-là. Et aujourd’hui, on va accueillir le grand Stade Toulousain et les meilleures équipes du monde en Top 14… C’est formidable.”
Jusqu’à 50.000 connexions pour s’offrir les derniers abonnements
Le RC Vannes a grimpé progressivement tous les échelons jusqu’à l’élite entrainant avec lui un engouement populaire de plus en plus fort. Le petit stade de la Rabine et ses 11.700 places est désormais “un vrai chaudron”, se félicite Jean-Marc Pedron. Il sera évidemment plein à ras bord ce soir comme il l’est à chaque match avec des supporters fervents et bruyants qui ne voulaient manquer cette saison historique en Top 14 pour rien au monde. Un chiffre montre la folie RC Vannes: lors de la vente début juillet des derniers abonnements disponibles, le club a enregistré plus de 50.000 connexions sur son site internet.
Et pour ce match face à Toulouse, les rares billets grand public sont partis en 20 minutes. Les joueurs vannetais sont bien conscients de cette formidable attente. “J’espère que les supporters seront sur la même dynamique que la saison dernière pour nous pousser car on en aura besoin toute la saison”, lance Maxime Lafage. “On sait que toute la ville va être mobilisée. Nous aussi, on est bien excité mais la clé maintenant pour nous va être de rester tranquille, dans notre bulle pour garder notre énergie”, prévient le troisième ligne et capitaine argentin Francisco Gorrissen.
Car la tâche qui attend les Vannetais sportivement est immense. À commencer par ce dimanche face à l’ogre toulousain. “Ce sera un peu David contre Goliath. Il va falloir batailler sur tout face à la meilleure équipe du monde”, est conscient Maxime Lafage mais il veut y aller sans peur et tout donner. “On veut être une équipe physique, forte sur les impacts pour contrer leur vitesse de jeu, éviter les petites erreurs, les pertes de balle et nous faire confiance dans notre jeu d’attaque”, annonce Francisco Gorrissen.
“La saison ne se jouera pas contre Toulouse”
L’entraineur historique du club depuis presque 30 ans, Jean-Noël Spitzer, reconnait lui qu’il y a “une part de crainte de ne pas être au niveau et de se déliter oui mais la saison ne se jouera pas face à Toulouse”, modère-t-il. “Notre but est de les amener le plus longtemps possible dans un bras de fer même si c’est possible qu’on n’en ait pas les moyens”. Vannes part évidemment dans l’inconnu mais doit “se lancer dans cette aventure incroyable. Il y a un gap énorme entre la Pro D2 et le Top 14”, reconnait Spitzer.
Et sur les pronostics des observateurs leur prédisant quasi tous une relégation directe, le coach breton se veut lucide: “Je pourrais m’en servir pour motiver mes joueurs mais avec quels arguments?” “C’est la vérité ! On est promu. On n’a jamais connu l’élite. On est de loin la plus petite masse salariale. C’est une évidence. Celui qui dit le contraire n’est pas objectif. Mais on aura aussi des arguments. Il nous faudra également un brin de chance pour contrarier ces oiseaux de mauvais augure. Nos probabilités de lutter pour le maintien sont faibles mais pas inexistantes.”
Dans les faits, depuis le passage de 16 à 14 clubs en 2005, 16 des 31 promus ont réussi à se sauver soit un peu plus d’une équipe sur deux. Et si ce soir Vannes déjouait déjà les pronostics et faisait tomber la montagne toulousaine? Pour Francisco Gorrissen, “c’est une bonne chose de démarrer direct contre Toulouse et de prendre le plus gros des gros pour voir notre niveau. Si on perd, c’est normal c’est Toulouse. Si on gagne, on envoie un vrai message”.
Via RMC Sport