C’est en même temps un choc et une revanche. Après l’historique raclée infligée par le Stade toulousain à l’UBB lors de la dernière finale de Top 14 (59-3), les deux équipes se retrouvent dimanche à Ernest-Wallon (21h05). Ce duel entre équipes en forme fait saliver, même si l’entraîneur des trois quarts toulousains, Clément Poitrenaud, pense qu’on en fait trop autour de ce match.
Pensez-vous que Bordeaux va venir à Toulouse avide de revanche, trois mois après la dernière finale de Top 14?
Clément Poitrenaud. Je n’en sais rien, je ne suis pas devin. Ce qui est sûr, c’est que nous, on ne parle plus de cette finale depuis un bon moment maintenant. Les seuls qui en parlent, c’est vous, les médias et peut-être un peu les Bordelais. Mais nous, on n’en parle plus. On est concentrés sur de nouveaux objectifs et une nouvelle saison. Évidemment qu’ils vont avoir envie de montrer un autre visage. Un score aussi lourd dans un match de phase finale, ça ne reflète évidemment pas la qualité de leur saison, ni de leurs joueurs. Ils vont vouloir faire différemment, c’est sûr. Au vu de leur début de championnat de qualité, on s’attend à un match difficile.
Vous êtes les deux équipes qui ont fini la saison le plus tard, mais aussi celles qui sont parmi les plus performantes actuellement. Que peut-on y voir concernant vos préparations?
Ça dit qu’en peu de temps, si tu t’organises correctement et que tu planifies correctement ta présaison, tu peux rattraper un peu de temps perdu par rapport au repos qui était nécessaire pour les deux équipes à l’intersaison. Les deux équipes ont bien bossé, je pense. Et puis, il y a eu une forme de continuité et de confiance par rapport à la saison dernière. Les effectifs ont peu bougé. Les Bordelais se sont un peu renforcés, ont un peu plus recruté que nous. Mais globalement, les effectifs sont stables. Les joueurs se connaissent bien. Le système a un peu évolué, mais il n’y a pas eu non plus de grande révolution. Travailler dans la continuité, forcément, ça a du bon. Et ça permet en peu de temps de retrouver des repères. Évidemment qu’il faut régler la problématique de la préparation physique. Mais justement, quand on enchaîne avec des effectifs relativement stables, on peut intégrer la préparation physique au rugby et gagner un peu de temps. Je pense que c’est aussi une des raisons pour laquelle les deux équipes ont plutôt bien démarré le championnat.
Est-ce que ce duel nous promet à coup sûr un match spectaculaire?
Je n’en sais rien. Chaque match détient sa vérité. Le grand public, tout le monde s’attend évidemment à un match spectaculaire. Parce que ce sont deux équipes qui ont pour réputation de produire du jeu. Maintenant, il va y avoir du combat, ça c’est sûr. Du combat dans toutes les lignes, que ce soit devant, derrière, au fond du terrain… Est-ce que la défense prendra le pas sur une des deux attaques? Ou est-ce qu’on va se lancer dans un match “jambon-haricots”, est-ce que ça va attaquer de partout? Je n’en suis pas certain. On verra ce que ça donnera. On a tous envie de jouer au rugby. Mais encore une fois, chaque match détient sa propre vérité.
“Notre état d’esprit, c’est aussi celui du combat, de la conquête, et surtout de la défense”
On se rappelle du dernier essai de la finale, inscrit par Ange Capuozzo après une action de cent mètres, alors que tout était joué et le score largement acquis. Que représente-t-il de votre état d’esprit?
Ça reflète l’état d’esprit des garçons sur la saison dernière, ça c’est certain. Cette envie de jouer, même une fois le match quasi terminé. Cette envie aussi des joueurs rentrants de participer. D’amener leur pierre à cette finale. Quand tu es coach, c’est évidemment beaucoup de fierté. Comme on l’a souvent dit, ils arrivent à nous surprendre encore, même si on a vécu pas mal de choses ensemble depuis maintenant sept ou huit ans. Ils ont encore cette capacité à créer des choses qui sont quand même assez incroyables. Mais tout ça, c’est lié à un contexte, encore une fois, particulier de cette finale. Très sincèrement, on était dans un niveau de confiance qui était extraordinaire, monstrueux. Je pense qu’ils auraient pu tenter n’importe quoi, ça aurait fonctionné. On aimerait que ce soit reproductible tous les week-ends, mais malheureusement ce n’est pas le cas. Parfois on tombe sur quelques embûches.
Il n’était pas question de faire preuve d’indulgence? De se dire: ‘C’est bon, les Bordelais ont eu leur compte, on arrête là’?
Non, ils n’étaient pas dans cet état d’esprit. Et c’est bien d’ailleurs. Mais ils avaient juste envie de jouer au rugby. Je n’étais pas certain que c’était l’idée de leur mettre la tête sous l’eau et les enfoncer encore plus profondément. Pour le coup, ils passaient un bon moment, ce qui n’était certainement pas le cas des Bordelais. Ils avaient envie que ça dure, donc ils ont été jusqu’au bout du bout. Mais c’est bien, ça nous convient.
C’est ce qui incarne justement le mieux l’état d’esprit?
Oui, mais l’état d’esprit, le nôtre, c’est aussi celui du combat, celui de la conquête, et surtout celui de la défense. On retient ça du Stade toulousain, évidemment, ce genre d’essais. Il y en a eu dans différentes finales. Il y a eu celui de Denis Charvet en 89. Il y a eu celui de Maxime (Médard) en 2008. Il y a eu de beaux essais sur des matchs qui comptent. Mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est par exemple la première action du match où on perd le coup d’envoi. On défend pendant trois minutes et on finit par les faire reculer de vingt mètres. Alors que c’est eux qui ont la possession. C’est aussi un des symboles de cette finale. Il faudra réussir à allier les deux, comme on a pu le faire sur ce match-là, pour venir à bout des Bordelais ce week-end. Il faut bien comprendre que cette envie de jouer, on la cultive et elle est importante pour nous, mais elle n’est pas au détriment des phases de combat et des phases de conquête qui sont le socle de notre vie.
“Tout le monde en fait des caisses”
Est-ce que les 26 journées régulières sont de valeur égale? Ou il y a-t-il des matchs qui comptent plus que d’autres, comme celui qui arrive?
Je vais vous refaire le “C’est la quatrième journée, il y en aura d’autres derrière”. Après, on joue à domicile. On est invaincus depuis un certain temps chez nous. On reçoit les Bordelais. Tout le monde en fait des caisses dans les médias depuis trois semaines sur ce match. Entre les Galactiques, la revanche, le truc, le machin… Forcément, ça rend le match particulier. Comme je vous l’ai dit, nous, on n’en parle plus de cette finale. Et les Bordelais, on en parle parce que c’est l’équipe du week-end. Mais on parlera des Castrais la semaine prochaine, parce qu’on ira à Castres au même niveau d’investissement que pour l’UBB.
Vos avants avaient pu être piqués des commentaires avant la venue de La Rochelle. Est-ce que la même chose peut se produire pour vos trois quarts avant dimanche?
Pour moi, les Galactiques, c’est surtout ceux qui gagnent les matchs qui comptent. Après, vous en faites ce que vous voulez.
Garder votre invincibilité à domicile, qui dure depuis plus de deux ans et demi, vous tient à cœur?
Franchement, on n’en parle pas de ça. Sincèrement. Après, personne n’a envie de perdre à la maison. C’est moins quatre au classement britannique. Ce n’est pas bon. Donc non, on n’a pas envie de perdre à domicile. Encore une fois, qu’on perde à la maison contre l’UBB ou contre un autre, ce sera toujours pareil. Oui, évidemment qu’on a envie de rester invaincus à Toulouse.
Via RMC Sport