C’est Pierre-Yves Revol, l’actuel président du Castres Olympique qui a instauré la réglementation des JIFF il y a 15 ans, pour limiter le recrutement de stars étrangères dans le championnat Français.
Interrogé via Midi Olympique, ce-dernier explique que cette réglementation a été mise en place pour favoriser les joueurs Français.
Cependant, il indique ne rien avoir contre les joueurs étrangers qui évoluent en France. Extrait:
Attention, nous apprécions toujours les étrangers, qui sont bien intégrés et performants en Top 14 et qui enrichissent chaque club sur les plans sportif et culturel. Mais la grande différence, effectivement, c’est que les joueurs français composent désormais majoritairement les effectifs, l’éclosion sportive de nombre d’entre eux ayant été accélérée par le dispositif Jiff. Et qu’ils bénéficient logiquement des conséquences financières liées à l’amélioration de leur statut.
Il explique comment il en est venu à instaurer ce règlement lors de la saison 2010 / 2011. Extrait:
Simplement le bon sens et l’intérêt général. En Top 14, à certains postes, la majorité des titulaires étaient étrangers, et l’équipe de France se trouvait bien en peine de sélectionner des joueurs disputant régulièrement la compétition nationale aux postes de pilier droit ou d’ouvreur, par exemple.
À l’époque, dans certaines équipes, l’effectif était composé aux deux tiers voire aux trois-quarts d’étrangers ! Au-delà des intérêts du XV de France qui étaient clairement remis en cause se posait aussi la question de l’intérêt dans la durée du public, vis-à-vis d’une compétition qui se coupait de ses racines territoriales et nationales dans un sport qui évolue, certes, mais conserve de fortes traditions.
Il ne le cache pas : de nombreux clubs ont pesté contre l’instauration du quota JIFF, dont notamment le Rugby Club Toulonnais. Extrait:
Bien sûr que certains clubs constellés craignaient que leur domination soit remise en cause ! Souvenons-nous du Toulon de Bernard Laporte et de sa galaxie de stars, dans le bon sens du terme. Bien sûr qu’il a fallu passer outre les intérêts particuliers de certains. Et passer outre les oppositions, même si elles ont été parfois bruyantes et portées par de fortes personnalités. Depuis, la très grande majorité a été convaincue par ce dispositif, et c’est heureux pour le rugby français.
Les cris d’orfraie se sont estompés car nous avons laissé le temps à chacun de pouvoir se mettre en conformité, progressivement. Honnêtement, cela valait le coup. Quand je vois l’évolution du XV de France, c’est sans doute la réforme dont je suis le plus fier, avec l’instauration du salary cap. Attention, les Jiff seuls n’expliquent pas l’amélioration des performances des Bleus, mais il est certain qu’ils y ont bien contribué.
Certains clubs avaient évoqué une discrimination à l’embauche pour tenter de s’opposer à l’instauration de ce règlement. Pierre-Yves Revol réagit. Extrait:
Très rapidement, en creusant le sillon du joueur formé localement pour éviter toute discrimination liée à la nationalité et en essayant de respecter le principe de proportionnalité qui était cher aux instances européennes. En clair, en évitant d’être excessif et en respectant au mieux certains équilibres. Cela a été du sur-mesure pour le Top 14, travaillé grâce à de nombreuses navettes avec Bruxelles. Je n’ai alors pas regretté d’avoir nommé Emmanuel Eschalier à la direction de la LNR, car il a été très précieux dans ce dossier.
Il évoque ensuite l’inflation des salaires des JIFF. Extrait:
Au sujet de l’inflation de certains salaires, c’est vrai que dans un premier temps, le rééquilibrage des effectifs a pu générer un effet à la hausse sur les salaires des Jiff. C’était un dégât collatéral et transitoire de la réforme qui s’est heureusement atténué dans le temps, comme nous l’avions imaginé.
Il parle ensuite des clubs qui cherchent à contourner le règlement JIFF en recrutant de très jeunes joueurs pour leur centre de formation. Extrait:
Effectivement, certains clubs ont cherché à contourner l’obstacle plus rapidement que nous le pensions, mais la LNR a réagi dans le temps en durcissant les conditions d’accès au statut. Notamment en matière d’obtention de diplômes et de pratique effective de la langue française dans les centres de formation.
Il se dit très fier. Extrait:
L’instauration des quotas de Jiff et le salary cap sont des réformes dont j’ai toujours été persuadé du bien-fondé. Il fallait changer le cours des choses et en finir avec les excès dans lesquels le rugby était tombé.
Je crois surtout que nous sommes arrivés aujourd’hui au bon point d’équilibre, qui autorise tous les avantages de la mixité tout en préservant la culture du rugby hexagonal et les intérêts du XV de France. J’ajoute que ce dispositif est d’autant plus justifié que contrairement à d’autres sports – notamment le football – notre marché est assez étroit, et qu’on ne peut en conséquence pas considérer qu’il est pénalisant ou anti-concurrentiel sur la scène internationale.