L’affaire Narjissi prend un nouveau virage cette semaine.
Déjà dans de sales draps suite à la disparition du jeune Medhi Narjissi au début du mois d’août dernier en Afrique du Sud, le président de la Fédération Française de Rugby Florian Grill voit sa situation s’empirer.
Comme le révèle Sud-Ouest, le manager de l’équipe de France U18, Stéphane Cambos a décidé de porter plainte contre la Fédération Française de Rugby.
C’est le président Florian Grill qui est visé pour dénonciation calomnieuse.
Son avocat, Arnaud Dupin s’est confié via Sud-Ouest. Extrait:
Aujourd’hui, on est en train de sacrifier un homme, de le clouer au pilori, on l’accable de tous les maux. Nous constatons que Florian Grill, le président de la FFR, a rappelé lors de son déplacement en Argentine cet été [dans le cadre de l’affaire Jegou-Auradou, NDLR] un principe fondamental de notre droit qui est la présomption d’innocence. Visiblement, ici, concernant Stéphane Cambos, il l’a oublié. Or, ce n’est pas au président de la FFR de dire la justice.
Selon lui, la Fédération a orienté l’enquête contre le staff de l’équipe de France U18. Extrait:
Elle est plus qu’orientée ! En fait, cette enquête n’en est pas une. Quand on mène des investigations relatives à un drame comme celui-là, on inspecte tout ce qui n’a pas fonctionné. Le président de la FFR dit qu’il n’a pas pu se rendre au chevet de la famille en Afrique du Sud. Au vrai, il fallait sauver l’image du soldat Grill. Il y a plus grave : un enfant a disparu. Sa famille attend la vérité et ce n’est pas une somme de mensonges qui fait la vérité. On le voit au travers du rapport de la FFR qui n’aborde pas les sujets qui fâchent.
Il explique les disfonctionnements qui ont pu exister. Extrait:
Stéphane Cambos, à qui on donne le titre de manager de l’équipe de France de U18, a été avisé la veille ou l’avant-veille de sa nomination et de son départ en Afrique du Sud. Ceci sans la moindre lettre de mission qui cadre ses fonctions. Il a découvert plus tard l’existence d’un ordre de mission qui n’a pas été soumis à sa signature et dans lequel il est écrit que les questions de sécurité sont du ressort de son supérieur hiérarchique, le DTN [directeur technique national].
Il revient ensuite sur le drame en lui même. Extrait:
D’abord, il faut se demander qui a établi le programme de cette tournée. Il est produit par la fédé avec le voyagiste. Le 5 août, une réunion est intervenue entre le staff et le voyagiste pour évoquer le programme des deux jours suivants. Certaines personnes ont émis l’idée d’organiser une séance de récupération dans l’eau. Ce qui a été acté et noté dans le planning auquel a accès la FFR via un partage informatique : la séance aurait dû se faire au terme de l’excursion à l’hôtel. Est-ce qu’il y a dans le dossier un élément objectif assurant que le manager ait donné un ordre contraire à la tenue du programme ? Non.
Il aurait été dit à Stéphane Cambos, devant ses réticences, « tu es trop prudent ». Un point sur lequel le rapport ne s’attarde pas : Stéphane Cambos et Robin Ladauge, le préparateur physique, sont au même niveau hiérarchique, ils sont tous deux cadre technique national, et n’ont pas de dépendance hiérarchique l’un vis-à-vis de l’autre. Si le préparateur a décidé, et c’est l’enquête pénale qui devra le déterminer, de prendre des latitudes avec le programme établi, c’est sa responsabilité.
Il rappelle que son client n’a jamais demandé aux jeunes joueurs de se baigner sur cette plage. Extrait:
Stéphane Cambos n’a jamais pris ses jeunes pour les amener sur la plage. Les seuls qu’il a encadrés sont ceux qu’il a conduits au phare de Cape Point. Cette vérité, elle n’apparaît nulle part. Or, c’est quand il a vu que la baignade avait été organisée à son insu qu’il est descendu sur la plage. C’est à ce moment que le préparateur physique et ceux qui étaient autour ont stoppé cette séance. Là encore, cela n’apparaît pas dans le rapport : si la baignade s’arrête quand Stéphane Cambos intervient, c’est bien qu’il n’était pas d’accord avec ce qu’il passe.
La suite, on la connaît : quand il sort de l’eau, il constate que deux jeunes sont en grande difficulté. On lui reproche de ne pas avoir sauté dans l’eau, de ne pas y être allé. Quand vous avez des jeunes dans l’eau à 20 mètres de là, soit vous êtes un maître nageur sauveteur avec le matériel adéquat, soit vous faites comme Stéphane Cambos et vous vous pressez pour aller au poste de secours et déclencher l’alerte. On a totalement occulté les déclarations de Stéphane Cambos. Ce rapport est indigent et scandaleux. Autre question sans réponse : comment des gens qui ont pris depuis la plage des photos de la baignade ne sont pas intervenus pour arrêter celle-ci ? Pourquoi n’en fait-on pas cas dans le rapport ? Encore une fois, on ne dit pas la vérité à la famille de Medhi Narjissi.
Il l’affirme : la Fédération Française de Rugby à cherché à faire une exécution. Extrait:
Elle a cherché à produire un point d’appui au ministère des Sports afin qu’il prenne des sanctions. Dans son rapport, la FFR s’interroge sur les conditions d’organisation de cette séance tout en indiquant que Stéphane Cambos était au courant des dangers de Dias Beach. Cela revient à le désigner pour responsable de la disparition de Medhi Narjissi. Cela s’appelle une exécution. C’est insoutenable. Comment peut-on écrire une telle chose ? Dans une structure normale, qui est responsable pénalement ? Ce n’est pas le salarié, c’est le patron.