Le rugby Français a vécu un terrible traumatisme cet été avec diverses affaires extra sportives.
Forcément, les rugbymen sont désormais pointés du doigt pour leur comportement excessif lors des troisième mi-temps.
Le journal L’équipe a rencontré plusieurs joueuses de rugby pour récolter leurs témoignages. Et ces témoignages sont accablants.
Manon Guerrhit, pilier droit de l’ASM Romagnat s’exprime la première.
Elle ne comprend pas le dérapage de certains. Extrait:
« Quand on est en équipe de France, on a un maillot à respecter, surtout au moment d’honorer une première cape. On se gère. On ne fait pas une fête démentielle au point d’aller jusqu’à des extrémités. »
Elle confirme qu’en soirée, certains rugbymen peuvent se montrer lourds. Extrait:
« On peut se retrouver avec deux-trois copines en soirée et des joueurs débarquent, excités. Nous, on est là pour faire la fête, donc on est très claires, comme d’habitude. À aucun moment, on ne leur laisse la possibilité d’imaginer qu’il y a “moyen de”. Dès lors, le cours de la soirée reprend dans un esprit de camaraderie. »
Selon elle, les rugbymen n’ont zéro limite. Extrait:
« Le problème avec les garçons c’est qu’ils ont zéro limite. Nous, on est conscientes qu’un moment, c’est stop. De toute façon, on n’a pas le choix. La semaine, c’est boulot. Le soir, entraînement. Le dimanche après-midi, on joue. Le dimanche soir, pas question de tout gâcher quand on fait la fête.
En soirée, c’est à celui qui va boire le verre de plus. À celui qui finit la bouteille. J’ai vu des mecs s’avaler deux bouteilles de vodka cul sec et ils tenaient encore debout ! Ils ont une endurance phénoménale à cause de leur gabarit, et de leur entraînement aussi, puisqu’ils remettent ça tous les week-ends. »
Elle précise que certaines groupies n’hésitent pas à tourner autour des joueurs en début de soirée. Et quand ces groupies quittent les lieux, les joueurs se rabattent sur les joueuses de rugby qui sont moins “bankable”. Extrait:
« Au début, les autres filles – nous, on les appelle les groupies – leur tournent autour. Ça nous fait rire parce que ça ne nous arrive jamais. On a plutôt tendance à faire fuir les mecs. Faut dire qu’on n’est pas bankables non plus. (Rire.) Quand la soirée se prolonge et que les fans sont parties, ils se rabattent sur nous et, tout d’un coup, ça devient cash. »
Elle l’affirme : certains joueurs partagent des photos très osées via les réseaux sociaux. Extrait:
“Nos comptes Insta ne sont pas des sites pornos, les gars. C’est pas qu’on soit des oies blanches, mais pitié, arrêtez de nous balancer des photos de vos bites ! On s’en fout, en fait.”
L’ancienne internationale Aline Sagols peste contre les joueurs qui se retrouvent en meute et qui deviennent de véritables “abrutis”. Extrait:
« Des rugbymen entre eux, c’est toujours plus con que pris séparément. J’ai entraîné des garçons. Ils savaient faire preuve du plus grand respect avec moi. Individuellement, je dirais même qu’ils étaient charmants. Mais, en meute, ils peuvent se transformer en véritables abrutis.
L’alcool aidant, la connerie est décuplée. Si je devais résumer, et j’insiste bien sur le fait que dans la plupart des cas ça se déroule normalement, la troisième mi-temps ça peut devenir un concentré de virilité. Certains se sentent surpuissants. Ils s’accordent tous les droits. »
Une autre joueuse explique que certains joueurs s’amusent à se partager des vidéos de leurs rapports sexuels avec leurs conquêtes. Extrait:
« Des joueurs de mon club faisaient tourner des vidéos de rapports sexuels avec telle ou telle fille. Ils se les envoyaient entre eux sur Messenger et ça les faisait marrer. Moi et mes copines, nous qui l’avons su par la suite, beaucoup moins. »
Wanda Noury a été en charge du rugby féminin français de 1989 à 2009. Pionnière du rugby sur le terrain, elle est devenue arbitre puis dirigeante.
Elle s’est confiée via L’équipe et indique avoir très mal vécu l’affaire de Mendoza. Extrait:
« C’est le top du top qui a vrillé. Ceux qui sont censés montrer le chemin. Je ne sais pas comment ça fonctionne chez les seniors aujourd’hui mais, en 2016, quand j’étais cheffe de délégation des moins de 19 ans lors de la tournée en Afrique du Sud, la même que celle dont on a tant parlé, les directives étaient claires.
Le soir, on occupait les garçons au maximum. J’avais alors Romain Ntamack, Cameron Woki, Baptiste Couilloud… Lors des sorties, ils étaient accompagnés. Il régnait une discipline certaine. Ça ne nous a pas empêchés d’aller boire des coups une fois la tournée terminée, mais dans la limite du raisonnable. Et jamais on n’a eu de problèmes. »
L’ancienne deuxième ligne Lenaïg Corson s’est confiée à son tour. Extrait:
« Mon sport est critiqué sur la place publique. Même au JT de TF1 où ne voit quasiment jamais du rugby hormis en année Coupe du monde, ils font les gros titres avec Mendoza. Évidemment que ça me fait souffrir car, juste avant, c’est (Melvyn) Jaminet qui tient des propos racistes. Et on a eu aussi (Mohamed) Haouas, (Wilfrid) Hounkpatin,(Stuart) Hogg (rugbymen impliqués dans des cas de violences conjugales).
Ça pénalise d’autant plus le rugby que ça se passe au plus haut niveau. On ne parle pas des petits clubs où on essaie d’éduquer, ou de la RugbyGirl Académie, qui prône la mixité et la sororité. En aucun cas, nous ne bénéficions de la même lumière qu’eux en équipe de France ou en Top 14. »
Elle raconte ensuite le plus gros excès auquel elle a assisté. Extrait:
« Le plus gros excès que j’ai vu, c’est la danse du Limousin. C’est très connu dans le rugby. On se désape au fur et à mesure des couplets de la chanson. Si la joueuse part en vrille, y en a toujours une ou deux pour s’interposer. »