Midi Olympique consacre un reportage sur le nombre de joueurs sans club.
Et malheureusement, le nombre de joueurs sans club a explosé ces dernières années.
Le bi-hebdomadaire explique que les joueurs sans club étaient entre 60 et 70 en 2010.
Malheureusement, l’an passé, Provale a comptabilisé 182 joueurs sans club.
Cet été, 213 joueurs ont été recensés sans club. Extrait:
“Nous avons accompagné 213 joueurs sans club. Parmi eux, 115 ont retrouvé un club. Il y en a encore une bonne partie sur le carreau. Ce qui me marque, c’est que ça augmente d’année en année. Il faut se poser la question : pourquoi en est-on arrivé là ? On était à 115 quand je suis arrivé il y a cinq ans, il y a eu des années à 120-140… Là, c’est la barre des 200 qui a été passée. C’est préoccupant. Les places sont de plus en plus chères.
Il y a des joueurs de Top 14 qui ne veulent pas entendre parler de Pro D2. Quand vient le 30 juin, le 15 juillet, s’il n’y a pas eu d’appel, là, ils tentent le Pro D2. Puis la Nationale… Il y a des profils qui veulent trop tenter le Top 14, parfois même des gars qui étaient internationaux deux ou trois ans plus tôt… Sauf que les budgets sont déjà bien ficelés quand vient l’été.”
De nombreux anciens Espoirs sont également sans club. Extrait:
“C’est un profil de joueurs qui nous préoccupe. Quand tu sors du centre, tu n’as aucune expérience professionnelle et, si tu n’as pas respecté le double projet, tu te retrouves sans diplôme, avec rien, et tu es, donc, en danger. C’est un public qu’on a ciblé, qu’on accompagne potentiellement vers le rugby amateur. Quand le rêve de rugby professionnel s’éloigne, ça peut donner des cas préoccupants, qu’on accompagne avec les clubs.”
Mathieu Giudicelli explique les raisons de ces difficultés. Extrait:
“Le rugby professionnel est à la peine économiquement, dans son ensemble. Il y a trois clubs qui ont déposé le bilan (Blagnac, Hyères et Dijon) et il y en a sept qui sont actuellement menacés. Florian Grill dit que le rugby vit au-dessus de ses moyens et ce n’est pas le cas seulement en France. Toutes les Fédés sont dans le rouge. Au niveau des clubs de la LNR, les finances sont préservées avec des présidents solides mais il n’empêche que les effectifs se réduisent.
Malheureusement, on ne peut pas réguler le marché. Ce que l’on peut faire, c’est intervenir en amont sur tout ce qui est formation, reconversion, sensibilisation des joueurs. On parle de chômage mais il y a aussi la blessure qui guette tout le monde. Tout joueur en activité doit avoir conscience de l’importance de la reconversion. Car des joueurs qui vont vivre du rugby après leur carrière, on peut les compter sur les doigts des mains.”
Provale ne relâche pas ses efforts pour tenter de positionner des joueurs dans des clubs. Extrait:
“Nous avons une liste de joueurs que l’on appelle chaque semaine pour prendre des nouvelles, savoir s’ils ont besoin d’un soutien psychologique, évoquer la reconversion. Chaque semaine, cette liste est mise à jour et est envoyée aux clubs de Top 14, de Pro D2, de Nationale et de Nationale 2 mais aussi aux clubs amateurs qui proposent des projets avec un boulot à côté.
Il y a encore un tabou. Vous savez, on consent beaucoup de sacrifices pour être professionnel. Quand vous vous retrouvez sur le côté, ça fait très mal mentalement. C’est pour ça que l’on reste auprès d’eux, pour ne pas qu’ils rentrent dans un processus de dépression. Ça reste un sacré défi : vu tous les efforts consentis, quand tout s’effondre, c’est compliqué… Mais on a la chance d’avoir un sport où l’éducation a une part importante, où les études sont mises au cœur du développement, où les hommes et les femmes sont résilients et savent se remettre en question. Il n’y a pas de véritable problématique de prise de conscience vis-à-vis de la nécessité d’avoir un autre projet. Toujours est-il qu’il convient d’être vigilant pour que le rebond se produise dans les meilleures conditions.”