Ce samedi après-midi, Montpellier défiera le Rugby Club Toulonnais au Stade Mayol à l’occasion de la 7ème journée du Top 14.
Interrogé via Midi Olympique, le directeur du rugby de Montpellier, Bernard Laporte s’est confié.
Dans un premier temps, ce-dernier a évoqué le début de saison poussif de son équipe. Extrait:
L’équipe est en reconstruction et est aujourd’hui dirigée par un jeune staff dont les membres ont, pour la plupart, porté le maillot de Montpellier. Ce staff possède donc une véritable identité montpelliéraine, comme c’était le souhait du président. C’est une saison chaotique, mais j’en profite au passage pour remercier Patrice Collazo, Vincent Etcheto et Christian Labit, car ce sont eux qui ont sauvé le club, maintenant nous sommes repartis sur un nouveau projet.
Beaucoup de joueurs sont partis, autant sont arrivés et il faut remettre la mécanique en marche. Aujourd’hui on manque de points, on aurait dû gagner à l’extérieur comme à Bayonne ou au Stade français mais dans ces deux matchs on ne fait qu’une mi-temps. Et puis c’est difficile à la maison, avec déjà deux défaites et cette victoire contre Vannes dont on a eu du mal à se défaire.
Il est heureux que le staff du MHR soit désormais composé d’ancien Montpelliérains. Extrait:
C’est vrai, ce club a souvent été dirigé par des entraîneurs qui n’étaient pas d’ici. Là, ce staff a porté le maillot du MHR, et il connaît le club. C’est une bonne solution mais il faut leur laisser du temps pour travailler. Le seul révélateur c’est le terrain. Mais encore une fois je veux leur laisser le temps car cela travaille bien. Malheureusement, le temps est compté. En Top 14, il y a des descentes. Et hormis quatre équipes qui caracolent en tête, le reste du championnat est plutôt homogène.
Il dévoile les axes de progression du MHR. Extrait:
On doit être meilleurs dans notre camp. Souvent, on marque et derrière on reprend des points. On doit ressortir de notre camp, au pied ou à la main. Cela ne sert à rien de marquer si on se met à la faute derrière. On doit être très concentrés. Pour être une grande équipe, il faut une très bonne défense et une très grande discipline. Je cite le cas du Stade français de l’année dernière avec la onzième attaque du Top 14 mais qui est passé tout près de se hisser en finale.
Il explique sa manière de gérer une équipe dans la difficulté. Extrait:
Je le vis avec passion. Dans une équipe, que ce soit entre le staff et les joueurs il faut qu’il y ait de la passion et de l’entraide. Je ne suis pas maso hein, quand tu es dans la difficulté tu as l’impression que tu comptes plus que quand ça se passe bien. Moi je n’entraîne plus, je n’ai plus l’âge. J’aimerais hein, mais il me faudrait une semaine pour m’en remettre ! J’essaye donc de construire avec eux, et surtout de faire en sorte qu’ils ne se démoralisent pas. Comme je leur ai dit, ce rôle n’est pas simple. J’ai eu la chance de beaucoup gagner, mais j’ai aussi beaucoup perdu. Et on oublie tout ça ! Quand vous prenez quarante points contre les All Blacks à Lyon, je peux vous dire qu’on a qu’une envie : rentrer à l’hôtel et de boire deux ou trois whiskys pour oublier ! J’ai eu leur fougue et je les comprends, mais il faut du sang-froid. J’en ai parfois manqué dans ma carrière, mais aujourd’hui je le sais : cela ne sert à rien de s’énerver.
Il ne le cache pas : pour construire une équipe compétitive, il faut recruter de grands joueurs. Extrait:
Il faut faire venir des grands joueurs, bien les choisir, les faire jouer ensemble. Il n’y a pas de grande équipe sans grands joueurs. Ce qui est très important aussi, c’est d’avoir un centre de formation de très haut niveau. La Ligue nous impose des contraintes qui sont nécessaires avec les Jiff et le salary cap. Cela donne encore plus d’importance à la formation. Les trois équipes qui dominent le championnat que sont Toulouse, La Rochelle et Bordeaux-Bègles sont trois énormes centres de formation. Pour faire des saisons pleines, il faut cinquante joueurs. Les jeunes doivent être performants de suite.
Ici à Montpellier, on a relancé la machine il y a quatre mois avec l’arrivée de Jo (Caudullo, NDLR.) mais cela va prendre du temps. Cela fait dix ans que le club n’a rien gagné dans les catégories jeunes, et on a sorti que cinq internationaux en dix ans. Ce n’est pas possible. C’est un travail énorme, il faut labourer. On veut aussi agrandir notre bassin dans les alentours de Montpellier, et notamment vers le bassin nîmois. Nîmes est un club qui travaille très bien et on doit l’aider à monter en Nationale pour que l’on puisse s’échanger des joueurs. Nous n’avons pas peur de lancer des jeunes : Lenni Nouchi n’a que 20 ans et on lui a confié le capitanat ! Le problème, c’est que ces jeunes doivent être prêts. Et ce n’est que trop rarement le cas.
Quand je dis qu’il faut faire venir des stars, ce n’est pas pour flamber… À Montpellier, l’offre sportive de haut niveau est tellement énorme que les gens doivent faire un choix. Résultat, on a moins de monde qu’ailleurs. Ce n’est pas péjoratif, j’ai joué devant sept personnes au Stade français ! Et avec Max Guazzini, on est arrivé à 80 000 personnes ! Je pense que Montpellier se rapproche plus du Stade français que de Toulon. À Paris, il y a des milliers d’autres choses à faire que d’aller voir du rugby. Le président a souhaité un staff montpelliérain et je pense que les gens peuvent désormais s’identifier à cette équipe, mais encore une fois on a besoin d’avoir un très gros centre de formation.
Questionné sur les 13 joueurs en fin de contrat, il explique ne pas du tout être inquiet. Extrait:
Non du tout. Certains resteront, d’autres partiront, c’est comme cela dans tous les clubs. Ce n’est pas une contrainte. La contrainte c’est de gagner des matchs.
Il s’est ensuite confié sur la victoire des siens remportée contre Vannes. Extrait:
Quand on mène 10-0, on n’a pas le droit de faire une faute sur le renvoi suivant. Cela change tout le cours du match. Il faut de la gestion, de la discipline. Un très bon joueur de rugby ne pénalise pas les 14 autres. La semaine dernière, un de nos joueurs a coûté trois fautes : je lui ai demandé ce qu’il se passerait si 23 joueurs pensaient qu’ils avaient le droit de faire trois fautes chacun : cela ferait 69 fautes ! Ce n’est pas possible. C’est aussi pour cela que Vannes nous a posé beaucoup de problèmes. Mais je reste persuadé que ce match, l’année dernière à la même époque, on l’aurait perdu.
Il se dit optimiste pour l’avenir. Extrait:
Je sens que ça travaille bien, qu’il y a une âme, un esprit de corps plus fort que l’année dernière, où l’équipe était traumatisée. Ce fut très difficile de les remobiliser. Il y avait des clans, et même des accrochages entre eux lors d’un stage en Corse. Il n’y avait ni confiance, ni unité. Cette année, je ressens plus d’unité et d’enthousiasme.