Cet été, Romain Poite et Mathieu Raynal sont devenus les managers des arbitres de haut niveau.
Interrogé via L’équipe, Mathieu Raynal a expliqué en quoi consistait cette nouvelle fonction au sein de la Fédération Française de Rugby. Extrait:
Beaucoup d’enthousiasme, d’énergie et de travail. On aura besoin de temps mais sur ces cent premiers jours, nous avons ouvert beaucoup de chantiers. Dont deux prioritaires à nos yeux : structurer l’arbitrage de haut niveau en mettant beaucoup de ressources humaine et technique autour de nos arbitres dans le but de les faire, à terme, monter en compétence. Et ensuite connecter l’arbitrage à tout l’écosystème du rugby. On a commencé au stage de Loudenvielle (Hautes-Pyrénées) en y invitant les coachs de Top 14 et Pro D2.
On va poursuivre en novembre en réunissant les entraîneurs des mêlées de chaque équipe, avec le staff de l’équipe de France, afin de co-construire de façon lisible les observables que nous allons utiliser pour arbitrer cette phase de jeu. Si ça fonctionne bien, on le fera dans d’autres secteurs aussi.*
Il affirme vouloir ouvrir l’arbitrage Français à l’international. Extrait:
Nous voulons entretenir des relations très étroites avec World rugby et les autres pays. Nous avons bien avancé puisque nous allons envoyer un arbitre français en MLR (Major League Rugby), dans le Championnat nord-américain, et nous recevrons un arbitre américain. Sur la journée du 2 novembre, un Australien et un Argentin vont arbitrer en Top 14. Quand ils iront sur le Rugby Championship, nos arbitres seront aussi amenés à diriger des rencontres en Australie et en Argentine.
Idem avec l’Irlande et la Géorgie. Nous avons adhéré au programme d’échanges pour le développement des nations émergentes, en accueillant des arbitres qui dirigeront des rencontres de Nationale. Et puis Romain et moi avons intégré l’EPCR (European professionnal club rugby, l’organisateur des compétitions européennes de clubs), au titre de sélectionneurs des arbitres européens.
Il explique que 31 arbitres professionnels sont liés avec la FFR. Extrait:
Dans le plan de haute performance mis en place par la FFR et le LNR, nous avons trente et un arbitres sous contrat, mais à des degrés différents. Beaucoup ont une journée et demie déchargée sur la semaine. D’autres deux jours et demi, et d’autres sont à temps plein, comme par exemple Pierre Brousset qui est arbitre international. On peut raisonnablement penser que dans les années à venir, nos arbitres qui feront la Champions Cup et seront pris sur le circuit international World Rugby seront concernés pour passer à plein temps.
Il explique ensuite pourquoi tous les arbitres ne doivent pas forcément être pro et à plein temps. Extrait:
Il n’y a pas nécessité à ce que tous les arbitres soient pros à temps plein. Bien sûr que nous aimerions avoir nos arbitres davantage à disposition, mais je ne suis pas convaincu qu’avoir 31 arbitres pros à temps plein soit nécessaire, notamment pour ceux qui n’officient qu’en France. Un temps partiel est suffisant, pour l’instant. Par contre, pour que nos arbitres internationaux puissent performer au plus haut niveau, le temps plein sera obligatoire compte tenu des réunions, des déplacements, du calendrier, de la répétition des matches.
Dans la foulée, il affirme qu’une plateforme d’échange à été mise en place afin de permettre aux clubs d’échanger avec les arbitres facilement. Extrait:
Les clubs ont un espace dédié sur cette plateforme qui est un espace d’échange entre le club et l’équipe d’arbitres qui officie sur leur match. Chacun peut y déposer des clips avant ou après le match pour échanger sur des points techniques. Avant le match, ça permet à tous d’anticiper des situations qui pourraient être problématiques, et après le match, c’est un débriefing nécessaire pour échanger sur ce qui a fonctionné et ce qu’on doit améliorer. Se nourrir les uns des autres, reconnaître nos erreurs, mettre l’accent sur les actions qui auraient pu être sanctionnées mais qui ne l’ont pas été doit permettre à chacun d’évoluer.
Toutes les décisions ou commentaires sont étayés par des clips vidéo. L’arbitre et son équipe y rajoutent les clips des non-décisions ou erreurs qu’ils ont pu commettre. Ensuite, nous faisons notre propre retour, en ajoutant des commentaires ou en qualifiant chaque clip de précis, non précis, erreur, non-décision… Ces rapports sont ouverts à tous les arbitres. Ils peuvent ainsi se nourrir des bonnes décisions mais aussi des erreurs des autres.
Nous nous sommes inspirés de ce qui se fait au niveau international et nous avons fait développer cet outil. Il nous permet d’avoir une banque de données et des statistiques pour travailler, débriefer et évaluer les performances de la façon la plus objective possible. Nous essayons d’inculquer à nos arbitres le même degré de rigueur et d’exigence que celui des staffs de club pro envers leurs joueurs.
Pour conclure, il évoque la part de l’arbitrage vidéo dans un match de rugby. Extrait:
Il est très faible. Des statistiques concernant le temps perdu durant un match international étaient sorties. Sur ce match à trente-six minutes de temps de jeu effectif, on avait perdu dix-huit minutes à attendre la mise en place des mêlées, douze pour les blessures et les remplacements, dix pour les tentatives de pénalité et de transformation, dix minutes pour qu’une touche se joue et quatre minutes pour les appels vidéo. Vous voyez bien que ce n’est pas le plus chronophage…