Le président de la Fédération Française de Rugby, Florian Grill s’est confié dans les colonnes du Midi Olympique pour évoquer sa nouvelle victoire dans la campagne présidentielle de la Fédération Française de Rugby, face à Didier Codorniou.
Ce-dernier savoure. Extrait:
J’espérais qu’on fasse mieux que 58 % qui était notre score lors de la dernière élection. Ce n’est jamais évident dans un contexte de cohabitation où nous n’avions que 11 élus sur 40 au comité directeur et trois ligues sur treize, surtout pour piloter une fédération qui est un gros navire. Le fait de progresser très sensiblement est une vraie satisfaction.
Il réfute l’image “très parisienne” qui lui est donnée par les médias. Extrait:
C’est un cliché. La réalité, c’est que mes racines sont montpelliéraines. L’autre réalité, c’est que toutes les batailles se gagnent localement. Depuis huit ans, je suis sur tous les terrains de France et de Navarre. Le rugby, au-delà du sportif, est un enjeu sociétal et éducatif. Mon image m’importe peu. Le plus important, c’est la façon dont on va construire le rugby de demain.
Il donne ensuite son sentiment sur cette campagne. Extrait:
L’apaisement, nous l’avons obtenu lorsque nous avons été élus il y a quinze mois. C’était très important pour le rugby mondial que la France ne soit pas à feu et à sang pendant la Coupe du monde. On a introduit dans les statuts, et on l’a fait pendant ces 15 derniers mois, une part de proportionnelle. Le bureau fédéral va devenir un bureau stratégique. Et cette part de proportionnelle doit nous permettre de travailler ensemble.
J’ai toujours considéré qu’il n’y avait pas assez de bénévoles dans le rugby pour se priver de la moitié d’entre eux. J’ai envie que le rugby soit apaisé parce que les chantiers sont tels qu’on ne peut pas se permettre d’avoir un rugby qui se fait la guerre. Après, comment j’ai vécu cette campagne ? Très difficilement. Je n’ai pas attendu la campagne pour aller tous les week-ends sur le terrain, donc ce n’est pas la fatigue de la campagne. Le drame de Medhi (Narjissi, disparu en mer en Afrique du Sud, NDLR) et les événements de l’été ont été particulièrement éprouvants. Ensuite, la campagne a été très difficile dans un climat délétère.
Il ne veut pas créer de polémiques suite à cette campagne particulière. Extrait:
Je n’ai pas envie de commenter la campagne. Tournons-nous vers demain. Je tends d’ailleurs la main à Didier Codorniou qui sera membre du bureau stratégique s’il le souhaite. Nous avons maintenant un enjeu énorme avec cette tournée d’automne qui arrive. Et d’autres encore comme le développement du rugby féminin, du rugby à 7, la rénovation des installations… J’espère que les gens vont comprendre qu’il est plus que nécessaire de travailler main dans la main pour l’intérêt du rugby. Nous ne sommes que de passage, moi le premier. Mais ce sport est tellement beau qu’il a besoin qu’on lui donne le maximum en s’écartant des postures politiques.
Va-t-il porter plainte contre certains qui l’ont attaqué ? Il refuse de répondre. Extrait:
Je ne veux pas répondre à cette question. Je ne ferai aucun commentaire sur ce sujet.
Concernant les finances de la Fédération, il réagit. Extrait:
Notre objectif, c’est de redresser la Fédération en trois ans. Sans impôt sur les clubs. Sans plan social à la FFR, même si on a baissé la masse salariale de 5 %. Symboliquement, nous avons mis fin aux cartes bancaires pour les élus. On a supprimé un certain nombre d’invitations. Nous essayons de vendre un maximum de places pour les matchs du XV de France. Certes, il n’y aura pas 80 000 spectateurs pour le match contre le Japon. Mais j’espère que nous ferons une belle tournée d’automne.
La réalité pour redresser les comptes en trois ans, c’est qu’il faut être « centimié », comme nous le faisons en ce moment en passant la totalité de nos fournisseurs en revue, en demandant des réductions de l’ordre de 10, 20, 30 %, dans la limite des contrats tels qu’ils sont fixés. On a revu les conditions d’hébergement, y compris de nos équipes de France. On peut baisser d’une étoile sans remettre en cause la performance sportive. On fait les stages maintenant à Marcoussis, ça nous coûte moins cher de faire un stage à Marcoussis que n’importe où ailleurs : on est chez nous, donc c’est une manière de réduire les coûts.
Et puis on pèse, on agit sur toutes les sources de revenus, on tient nos objectifs de budget partenaires, contrairement à ce qui a pu être dit. Dans les mois qui viennent, on va en annoncer un et peut-être même deux nouveaux. À mon sens, le travail est largement fait. Par ailleurs, aujourd’hui, dans le cadre des 6 Nations, la France touche 16 % des revenus, alors qu’elle en génère 26, et les Anglais touchent 31 %. C’est le fruit d’un contrat historique qu’on a découvert, qui n’est pas équilibré, qui n’est pas « fair » (juste), comme le disent les Anglo-Saxons. On est en train de renégocier.