Danty non rappelé, Ollivon hors des 23, Fickou prévu sur le banc, alors que la composition d’équipe sera annoncée ce jeudi (11h), le sélectionneur Fabien Galthié n’a pas hésité à déclasser des joueurs cadres du quinze de France. Tendance momentanée ou vrai virage en vue de la prochaine Coupe du monde, la situation est, en tous cas, inédite.
“On a envie d’emmener 80 à 90% de ce groupe à la prochaine Coupe du monde en Australie”. La citation est du sélectionneur Fabien Galthié, à la sortie du dernier Tournoi des VI Nations. Après la défaite inaugurale face à l’Irlande et la victoire à l’arraché en Ecosse, lui-même n’avait pas hésité à monter au créneau pour défendre les “habitués” de son mandat (souvenez-vous du “l”équipe de France, ce n’est pas Koh-Lanta”). Une fois le nul concédé à l’Italie, il avait dû se résoudre à injecter du sang-neuf et changer quelque peu les méthodes d’entraînement pour instaurer un peu d’incertitude.
Les arrivées de joueurs tels que Le Garrec, Depoortere, Barré, Colombe ou Roumat avaient déjà dessiné les prémices d’une “tectonique des plaques”. Six mois plus tard, personne ne s’attendait pour autant à ce qu’un mini-tremblement de terre ne vienne frapper Marcoussis. Car ne nous y trompons pas: Gaël Fickou est un titulaire indiscutable de l’ère Galthié, lors de laquelle il a honoré 39 de ses 90 sélections sans jamais s’asseoir sur le banc.
Le voir remplaçant samedi a tout d’inédit. “C’est un groupe qui continue à avancer, 42 joueurs sont là. On a vraiment la volonté de fédérer le plus de joueurs performants. Bien sûr qu’il y a les 15 qui vont pouvoir commencer le match, les 23 qui auront la chance de jouer, les 42 qui sont là. Ce qui est important, c’est l’ensemble de ce groupe là avec lequel on travaille”.
“C’est la loi du sport”
Le staff a beau, à l’instar de Laurent Sempéré, tempérer tout ça, on ne peut ignorer ces changements. Le cas de Charles Ollivon ressemble à un autre exemple de mutation philosophique. Premier capitaine de Fabien Galthié, le Toulonnais ne semblait pas avoir tant démérité lors de la dernière Coupe du monde et du dernier Tournoi. Voir Alexandre Roumat, étincelant depuis deux saisons avec le Stade Toulousain, lui passer devant n’est pas une infamie, mais de là à imaginer Ollivon éjecté du groupe des 23…
Mercredi, au début de l’opposition, il n’était même pas de la 3e ligne de l’équipe des remplaçants, devancé par Nouchi et Boudehent, ce dernier devant prendre place sur le banc samedi face au Japon.
Essence même d’une sélection nationale, la concurrence est exacerbée chez les Bleus du rugby, qui le savent. “Évidemment, il y a une belle émulation dans le groupe, avec de nouvelles têtes aussi, qui ont envie de vivre l’aventure et de faire partie de l’équipe“, reconnait le 3e ligne François Cros. “C’est normal, c’est la loi du sport. Dans tous les cas, ce qui est bien, c’est que tous les joueurs présents ici sont impliqués à 200% pour le bien de l’équipe, sans réfléchir à si on sera dans l’équipe ou pas”. A trois ans de la Coupe du monde en Australie, avec un premier match estampillé comme le “plus abordable”, Fabien Galthié et son staff se disent sûrement que l’occasion est belle.
Poussés, il est vrai, par une concurrence féroce à certains postes. En 3e ligne, les Cros, Alldritt, Roumat, Nouchi, Boudehent, Bochaton, Guillard, Gazzoti et Jelonch se livrent un match de dingues (en attendant Castro-Ferreira, Haddad ou Jegou?), alors qu’au centre, bon courage à l’avenir pour choisir entre Moefana, Gailleton, Fickou, Frisch, Depoortere, Costes, Darricarrère ou Danty, sans présumer de leur âge ou de leur expérience, même si l’objectif est de constituer un groupe performant pour 2027. Alors vraie tendance ou expérimentation de laboratoire?
Pour savoir si le professeur Galthié a seulement voulu administrer une piqûre de rappel à ses grognards ou si ceux-ci doivent plutôt s’inquiéter, on donnera rendez-vous dans une semaine, lors de l’annonce de la composition d’équipe face aux All Blacks. Et, pour les “challengers” qui brilleront, plus tard si affinités.
Via RMC Sport