L’ancien sélectionneur du XV de France, Pierre Berbizier s’est confié via La Dépêche.
Il a évoqué la Tournée d’automne des Bleus.
Il estime que les Bleus doivent se racheter suite à la Tournée en Argentine.
Il en comprend d’ailleurs toujours pas que certaines ne se soient toujours pas exprimés sur cette affaire. Extrait:
Il est temps de revenir au jeu, sur le terrain. Le rugby français est sorti de ce cadre ces derniers temps. Tout l’objectif de cette tournée sera de revenir à l’essence même de ce sport. Le XV de France n’a pas donné la meilleure image qui soit récemment. J’ai été surpris de la gestion de ces épisodes, du silence des principaux responsables de l’encadrement. La question que je me pose c’est : comment tout cela a-t-il pu arriver avec un staff aussi pléthorique ?
Il y a eu, si j’ai bien compris, beaucoup de sorties durant cette tournée qui l’air d’avoir été tout sauf une tournée de rugby. Il y a encore une affaire judiciaire en cours (concernant Oscar Jégou et Hugo Auradou, en attente de l’audience de non-lieu, Ndlr) donc on verra bien ce qui en sortira. Et là, oui, avec ces trois matchs de novembre, on a tous envie de retrouver notre équipe de France, sur le terrain.
Il analyse ensuite la nouvelle charte mise en place au sein du groupe France. Il n’est pas du tout d’accord avec tout ce qui y est écrit. Extrait:
Le vrai sujet, ce ne sont pas les mesures prises, les mots, mais comment on les applique. Il y a dans cette charte beaucoup de choses dénoncées. Parfois, il vaut mieux en avoir un peu moins, avec d’un autre côté plus de présence sur le terrain, au contact de ces joueurs sur les diverses problématiques soulevées.
Ce n’est pas seulement une charte qui va faire changer simplement les choses. Une tournée, une vie en communauté c’est un tout. Il faut être en mesure d’accepter, de gérer ses responsabilités sur et en dehors du terrain.
Selon lui, c’est surtout le choix des hommes qui doit être primordial. Extrait:
C’est quand même l’équipe de France, on devrait pouvoir tenir un langage responsable à des joueurs qui représentent la sélection. Si on choisit tel ou tel joueur, c’est qu’ils ont des qualités rugbystiques et humaines pour être digne de ce maillot. C’est peut-être dans le choix des hommes, et non dans l’application d’une charte, qu’il faut être sûr des éléments que l’on prend.
Après, la philosophie du rugby a changé. C’était auparavant une éducation, un prétexte à la vie. Et c’est devenu une formation spécifique avec des gamins qui ne sont plus au contact de la vie de tous les jours, avec l’intelligence du quotidien. Dès 14-15 ans, on enferme les jeunes dans des centres de formation. L’éducation qu’était le rugby est devenue une formation avec des jeunes gens sans doute plus autant adaptés au réel. Désormais, on rentre dans une logique d’infantilisation et non plus de responsabilisation.
Il se rappelle, du temps où il était sélectionneur des Bleus, qu’il avait dû intervenir pour récupérer certains joueurs dans des endroits interdits. Extrait:
J’ai entendu dans le discours du sélectionneur qu’il était pour une responsabilisation, une autonomie de chacun. Mais cela n’exclut pas le contrôle. Un staff doit faire ce boulot. Quand j’étais sélectionneur, il m’a fallu, à Mendoza justement, aller chercher des joueurs dans des endroits où ils n’avaient pas à être.
Oui, ça m’est arrivé. Et on ne peut se détacher de ce rôle-là. En tant que staff, j’estime qu’on est responsable sur le terrain, mais aussi en dehors. Qui plus est aujourd’hui avec un staff, un encadrement aussi fourni autour du XV de France. C’est ce qui m’étonne le plus, qu’on ne parvienne pas avec ces moyens de trouver des gens susceptibles d’encadrer. Personnellement, quand j’étais à la tête des Bleus, on était cinq : deux entraîneurs, un docteur, un kiné et un dirigeant de tournée.