Le talonneur du XV de France, Peato Mauvaka va débuter le match contre les All-Blacks, ce samedi soir au Stade de France.
Ce-dernier avait disputé son premier match contre les Blacks le 20 novembre 2021.
Un moment extrêmement fort pour le joueur du Stade-Toulousain.
Et pour cause, son papa – brutalement décédé en décembre 2018 – était un très grand fan des All-Blacks.
Son papa est décédé empoisonné après avoir mangé du poisson, en Nouvelle-Calédonie.
Peato Mauvaka avait terminé le match en pleurs.
Interrogé via Le Parisien, Peato Mauvaka explique être toujours très stressé au moment d’affronter les Blacks. Extrait:
Je suis stressé oui. C’est un match particulier pour moi et cela le restera toujours. Aujourd’hui, j’essaie de me rassurer comme je peux. Je me dis que je les ai déjà joués deux fois (la 2e fois c’était le 8 septembre 2023 en ouverture de la Coupe du monde, victoire 27-13) et qu’on les a battus à chaque fois d’ailleurs. Mais je pense à mon père qui était fou de cette équipe. Je joue pour lui.
Il revient sur ses larmes à l’issue de la victoire remportée contre les Blacks en novembre 2021. Extrait:
Cette semaine-là, je me souviens, le lundi qui a suivi notre victoire contre la Géorgie, Fabien Galthié est venu me voir et m’a dit que j’allais être titulaire. Avant un match, je n’appelais jamais ma famille en Nouvelle-Calédonie mais là j’étais tellement stressé, angoissé.
Je n’arrivais pas à dormir et je pleurais tous les soirs dans ma chambre en pensant à mon père qui aurait tant aimé vivre ce moment avec moi. Alors j’ai appelé ma mère. Elle m’a dit de faire ce dont j’étais capable, que mon père aurait été fier de moi.
Il se rappelle de ce match. Extrait:
Je tremblais, j’avais les mains moites pendant les hymnes. J’étais dans un état second. Mais j’ai eu de la chance car j’ai marqué un essai très tôt (2e minute). Tout est parti d’un coup, tout s’est envolé. Au coup de sifflet final, je regardais partout dans les tribunes, je cherchais mon père. Je voulais le voir assis sur un siège quelque part. Il n’y avait que ça qui comptait.
Il explique pourquoi son père était tant attaché aux All-Blacks. Extrait:
En Nouvelle-Calédonie, c’est l’équipe que l’on supporte, une question de proximité je pense. Je peux le comprendre même si j’essaie de montrer qu’il faut être derrière la France, notre pays. Mon père était un fan des All Blacks. Il avait des piles de cassettes vidéo de leurs matchs, parfois des années 1980. Il était conducteur d’engins mais le dimanche, quand il avait un peu de temps, il regardait ses cassettes et il me montrait des actions. Il connaissait tout par cœur, tous les joueurs.
Il raconte avoir débuté le rugby à l’âge de 14 ans. Extrait:
Je n’ai commencé qu’à 14 ans en suivant mon grand frère. Je préférais le volley ou le karaté. Nous sommes cinq enfants et j’étais le seul à avoir des difficultés à l’école. J’avais des mauvaises notes sauf dans les disciplines sportives où j’avais toujours 20 sur 20. Ma mère était intransigeante, sévère, elle disait qu’il fallait travailler dur à l’école.
Mon père, c’était la force tranquille, le gentil, le calme. J’étais tellement proche de lui. Quand j’étais petit, j’étais toujours fourré avec lui. Je n’aimais pas du tout le rugby mais quand il mettait un match à la télé, j’allais regarder le haka avec lui, juste pour partager ce moment.
Il explique ensuite comment il a rejoint le Stade-Toulousain à l’âge de 15 ans. Extrait:
Oui, j’avais été repéré par Abraham Tolofua (ancien joueur du Championnat de France originaire de Nouvelle-Calédonie) qui m’a fait venir à Toulouse. J’ai habité dans sa famille. Aujourd’hui encore, je vis à deux minutes de chez lui et je vais le voir trois fois par semaine.
Mais je ne connaissais rien au rugby. Je ne savais pas jouer. Je ne savais pas ce qu’était le Stade toulousain. Je voulais juste réussir par le sport, gagner ma vie. Quand je suis passé professionnel, j’ai été blessé pendant deux saisons et je ne faisais que quelques bouts de match. Mon père ne ratait rien et m’appelait après chaque rencontre pour débriefer.