Invité du cinquième épisode de l’entretien des Potos, nouveau rendez-vous digital de la cellule rugby RMC Sport cette saison, Hugo Reus, buteur prodige de La Rochelle et des Bleuets, s’est longuement confié sur l’exercice du tir au but.
A 20 ans, Hugo Reus, buteur de La Rochelle et de la dernière génération des Bleuets, affiche un taux de réussite supérieur à 85% en club comme en sélection. Il était l’invité, mardi, du cinquième épisode de l’entretien des Potos, nouveau rendez-vous digital de la cellule rugby RMC Sport. Il partage son expérience, dont voici quelques extraits.
La genèse: “Je marchais à peine que je tapais déjà dans un ballon!”
“Je ne pense pas que le jeu au pied, ce soit vraiment un don. C’est quelque chose que je travaille depuis tout petit, que ce soit gauche ou droite. Ce n’est pas comme le vélo, ça s’oublie vite. Depuis tout petit, mon papa m’a fait taper dans le ballon, donc je marchais à peine que je tapais déjà dans un ballon! J’ai encore des vidéos où, à 6 ans, je tape face aux poteaux. A la fin des entraînements, quand mes parents me ramenaient à la maison, je passais à peu près une heure, une heure et demie dans le jardin à me faire des scénarios et à taper avec deux arbres qui me servaient de poteaux. Et une transversale imaginaire. Quand je loupais, je disais que l’arbitre ne l’avait pas vu et je recommençais (rires).”
Son modèle: “Jeune, je butais exactement comme Jonny Wilkinson, on se foutait un peu de ma gueule”
“Je l’ai énormément admiré pour sa qualité de jeu au pied et son travail acharné pour arriver à ces résultats-là. Jeune, j’ai essayé de le copier à la lettre et ça n’a pas toujours marché. Donc j’ai gardé ce que je faisais de bien et j’ai incorporé quelques trucs par-ci, par-là et voilà, ça donne le résultat d’aujourd’hui. Jeune, je butais exactement comme lui, j’avais la même position. Des fois, on se foutait un peu de ma gueule. Il y a toujours quelques bases qui sont communes et dont je me suis inspiré. Ce joueur m’a tout de suite intrigué, m’a tout de suite fasciné, de par sa classe, sa précision, son travail.”
Sa construction: “A Bordeaux, je testais plein de choses”
“En arrivant à La Rochelle, des jours sans, j’en avais, j’étais bien moins régulier que je ne le suis maintenant. A Bordeaux, c’était encore différent. J’étais jeune, je testais plein de choses, je changeais très, très souvent de manière de buter. C’est ce qui fait peut-être aussi que maintenant, je suis aussi régulier, je suis capable de m’adapter au vent ou aux erreurs que je vais faire. A La Rochelle, Sébastien Boboul m’a énormément aidé, m’a fait changer deux, trois choses afin d’être vraiment plus précis. Je lui dois énormément. J’ai énormément travaillé aussi en équipe de France avec Benoît Baby. Ces deux personnages ont grandement aidé à ma réussite.”
Son quotidien: “3-4 heures par semaine de tirs au but”
“C’est une grande partie de ma semaine, avec le jeu aux pieds en général, mais le tir au but en prend une grande partie. C’est après chaque entraînement, les jours de repos. Maintenant, avec l’aide aussi du staff, j’ai appris à faire plus qualitatif. Mais c’est bien 3-4 heures par semaine. La vidéo est importante, donc dès que ça ne va pas, on filme, on regarde ce qui ne va pas, on essaie de corriger.”
Sa routine en match: “Quand on est en totale confiance, on peut penser à ce qu’on veut!”
“Dans ma tête, déjà, c’est de dire au capitaine que je me sens de prendre les points. Et après démarre une routine la plus précise possible, avec une cible. Ça varie selon ce dont j’ai besoin. C’est se concentrer sur deux choses qui vont faire que tout le reste du geste va suivre et que le résultat sera là. Là, techniquement, en ce moment, c’est le regard fixé sur le ballon pour avoir le plus de repères possibles sur le pied. Et après, être bien équilibré à l’impact pour pouvoir entrer dans le ballon et traverser. Le but, c’est de faire le vide, que ce soit sur le bruit extérieur, sur toutes les pensées parasites. Mais j’ai eu un moment, jusqu’à la saison dernière, où, quand on est en totale confiance sur le tir au but, on peut penser à ce qu’on veut! J’avais juste une cible en face de moi et je me concentrais des fois sur des choses aléatoires et ça passait.”
Son jour sans contre Pau (1/7), en septembre: “un gros problème psychologique”
“J’ai loupé plus de coups de pied en un match que j’avais loupé en deux saisons de Top 14! Ça suivait un mois où, à l’entraînement, ce n’était pas terrible. Pareil à l’échauffement du match. Je n’avais pas de sensation, je ne contrôlais pas ce que je faisais. Je crois qu’il y a eu un gros problème psychologique, puisque là, quand ça ne va pas autant, c’est que ça ne va pas dans la tête. Il y a des choses qui changent inconsciemment des fois sur le tir au but. Rien que des muscles qui sont un peu plus raides: les troisième, quatrième, cinquième pas changent. Tout change. Ce jour-là, je n’ai pas été capable de m’adapter, j’ai forcé mes frappes, je n’étais pas aussi relâché que d’habitude. C’est la vie du buteur. Malheureusement, il y a des jours sans, il faut comprendre pourquoi, et après passer à autre chose. J’ai dû repartir de zéro, on va dire. Je suis revenu sur les bases. J’ai demandé des conseils et après, c’est revenu.”