Antoine Vey, avocat français d’Oscar Jégou et Hugo Auradou, a accueilli ce mardi avec beaucoup de satisfaction la décision de la justice argentine d’abandonner les poursuites contre les deux joueurs, accusés de viol en juillet dernier.
Antoine Vey, comment accueillez-vous la décision du jour, à savoir l’abandon des poursuites en Argentine contre Oscar Jegou et Hugo Auradou?
C’est une décision qui était quand même attendue et qui est en ligne avec tous les éléments qui ont été collectés pendant cette enquête. Elle dit d’abord que les joueurs n’ont commis aucun crime, mais ils ont été victimes d’une accusation mensongère. Elle établit le fait que la plaignante a décrit des faits qui n’ont pas pu se produire et qu’elle a une tendance pathologique à la victimisation. Ce n’est pas une décision qui est rendue au bénéfice du doute. C’est une décision qui a démontré avec des arguments forts à l’appui leur totale innocence.
Sur quoi s’est appuyé le tribunal?
Il exploite tous les éléments de cette enquête, comme l’intégralité des témoins qui ont été entendus et qui ont contredit les allégations de la plaignante, les vidéos-surveillances ont été exploitées, interprétées, les bandes sonores… Les expertises médico-légales ont dit que la victime s’était plainte de faits qui n’ont pas pu se produire. Les expertises psychiatriques et psychologiques ont pointé que la victime avait un récit qui était adapté, qui n’était pas spontané et qu’elle avait effectivement cette tendance pathologique à la victimisation. Ça fait beaucoup d’éléments pour une affaire de cette nature et ça conduit nécessairement les juges à rejeter l’accusation dont ils ont été victimes. Ça montre bien, et c’est ça qui est important aussi dans cette affaire, par-delà le sort des deux joueurs, qu’on peut avoir des accusations sans avoir de condamnation. Ces deux joueurs qui sont des innocents ne méritent ni le traitement judiciaire, ni le traitement médiatique qui leur a été réservé.
L’avocate de la plaignante disait elle-même que sa plainte s’appuyait sur des éléments matériels, factuels qui étaient irrévocables. On s’aperçoit aujourd’hui que c’est le contraire…
Quand on défend quelqu’un qui est dans le déni de la réalité, on est peut-être soi-même dans le déni d’une certaine réalité. Effectivement, ça montre aussi qu’il faut prendre des pincettes par rapport aux discours qui sont véhiculés et que ce qui compte à la fin des opérations, c’est l’appréciation objective des éléments. Le traitement médiatique d’une affaire judiciaire, c’est très difficile parce que l’affaire judiciaire n’évolue pas au même rythme. Le fait de traiter médiatiquement une expertise médico-légale qui est assez complexe, conduit toujours à des erreurs d’interprétation. Et finalement, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas une certaine idéologie en ce moment qui s’est déployée, qui est pour beaucoup positive. Il est normal qu’on souhaite soutenir les victimes. Le problème, c’est que ce genre de dossier, en confondant le combat pour les victimes avec le fait d’avoir une affaire qui n’est pas une affaire politique ou une affaire médiatique, mais une affaire judiciaire, ça conduit à des erreurs. Donc le fait d’avoir présenté parfois ces accusés comme des gens condamnés, d’avoir parfois présenté des éléments comme des éléments à charge alors qu’ils ne l’étaient pas, a conduit à un brouillage que j’espère aujourd’hui cette décision très claire, très ferme, va pouvoir corriger.
Quelle a été la réaction d’Oscar Jegou et Hugo Auradou?
Un soulagement, c’est quelque chose de positif. C’est plutôt l’espoir que c’est la fin de cette parenthèse. Mais le sentiment, quand votre nom est associé à ce type d’accusation, c’est quand même que c’est beaucoup de mal qui est porté à votre personne, à votre réputation. Je pense que ce qu’ils vont avoir à cœur maintenant de démontrer, c’est que leur performance sportive les place dans une position d’être sélectionnés et je pense qu’ils seront vraiment réhabilités personnellement quand ils arriveront à revenir là où ils étaient, c’est-à-dire deux joueurs de l’équipe de France, deux garçons extrêmement talentueux, extrêmement solides. Le dernier épisode de cette triste affaire, c’est la capacité qu’ils ont à rebondir sportivement et personnellement.
Appréhendez-vous la possibilité que la plaignante puisse faire appel (elle a trois jours pour faire la démarche, NDLR)?
Pas du tout, parce que depuis le jour un, on sait qu’elle va utiliser toutes les voies dilatoires pour continuer à entretenir son mensonge. La question qui se pose aujourd’hui, ce n’est pas celle d’un appel de la plaignante. On sait qu’elle le fera, parce que ça la maintient dans une possibilité de médiatiser sa cause. Mais nous ce qui se pose comme question, c’est: est-ce qu’on va sur la base de la décision qui dit qu’elle a menti et actionner en Argentine une plainte. Pour l’instant, les joueurs vont se donner le temps de la réflexion et puis chacun décidera s’il souhaite ou non obtenir réparation du préjudice qui leur a été causé.
Dans cette décision judiciaire, la justice a-t-elle pointé les incohérences dans le discours de la plaignante?
Elle a relevé une expertise psychiatrique qui a été conduite judiciairement et de manière contradictoire et dans laquelle, parmi les éléments, il a été dit qu’elle s’était adaptée et que la parole qui avait été donnée ne pouvait pas correspondre à la réalité. Quand on a quelqu’un qui dit quelque chose qui ne s’est pas produit, on est obligé quand même d’en prendre acte, ou alors, c’est qu’on est dans une idéologie qui aveugle tout. Il y a des femmes qui sont malheureusement victimes de violence, mais il y a aussi des gens qui sont conditionnés. Je pense que c’est ce qui s’est passé dans ce dossier. C’est une femme qui a été conditionnée par un environnement, par une avocate, par un système. Aujourd’hui, ça doit être très difficile pour elle-même d’en sortir. La décision de justice a su faire la part des choses et les deux joueurs ont été reconnus comme innocents, ce qui doit conduire maintenant à avoir sur cette affaire un autre récit.
Les deux joueurs vont donc réfléchir s’ils vont porter plainte?
Juridiquement, ils y ont droit. Les motivations de la décision leur permettent d’envisager cette voie. Maintenant, on a eu une position, c’était de ne pas confondre le fait de démontrer que les faits n’ont pas eu lieu avec le fait d’accuser cette plaignante qui, si elle décrit les faits qui ne se sont pas produits, doit avoir une fragilité explique justement sa fausse accusation. C’est très dur, ils vont se donner du temps pour y réfléchir et puis ils annonceront s’ils souhaitent le faire, s’ils décident de poursuivre ou pas.
Pouvez-vous résumer les motivations principales de la décision?
Aucun élément objectif de l’enquête n’a établi les allégations de la plaignante. Les vidéos ont plutôt apporté des éléments contraires à ce qu’elle dit, les témoins également. L’expertise médico-légale n’a démontré aucun signe de violence. Elle a même dit que si les violences dont la victime s’était plainte, il y aurait eu des marques qu’elle n’a pas. Des expertises psychiatriques et psychologiques ont été conduites, et ont dit que son récit n’était pas crédible. Pour schématiser un peu, il n’y avait plus aucun élément qui permette de donner du crédit à la parole de la plaignante.
Dans ce cadre-là, et même si on a écouté la plaignante, même si la justice argentine a vraiment fait une enquête contradictoire et totale, on a aussi écouté le fait qu’on a probablement affaire à deux innocents. La parole des uns ne vaut pas moins que la parole des autres. Ce n’est pas du tout une décision ni au bénéfice du doute, ni légère dans la façon dont elle aurait envisagé les choses. C’est une décision extrêmement bien motivée. On n’a absolument pas de crainte quant à un appel, parce qu’on sait bien que ce qui est écrit dans cette décision n’est pas susceptible d’être interprété différemment par d’autres juges.
Via RMC Sport