Le troisième ligne international Anglais, Billy Vunipola a fait son arrivée en France l’été dernier.
Depuis le mois de juillet, le joueur Anglais défend les couleurs du club de Montpellier.
Celui qui compte 75 sélections avec le XV de la Rose s’est confié via L’équipe.
Il explique comprendre de mieux en mieux le Top 14. Extrait:
Je réalise maintenant que je n’avais pas compris ce qu’était le Top 14 jusqu’à ce que j’y joue. Ça m’a pris trois ou quatre matches pour comprendre comment ça joue ici. Les rucks sont différents, l’attaque est différente, la défense est différente, le jeu au pied est différent…
Il l’affirme : le Top 14 est vraiment très différent par rapport à ce qu’il s’attendait. Extrait:
Oui, très différent. La saison dernière, j’ai affronté Lyon en Coupe des champions. Et j’ai retrouvé une équipe de Lyon en Top 14 avec un état d’esprit complètement différent, plus concentrée. Castres, pareil, je n’ai pas reconnu l’équipe en l’affrontant récemment en Championnat. C’est là que j’ai compris l’importance du Top 14, l’enjeu que ça représente pour les équipes.
En venant de l’extérieur, vous ne pouvez pas le réaliser tant que vous ne l’avez pas vécu. Je pense que j’avais sous-estimé cet aspect au début de la saison. L’engouement des supporters, ça me rappelle le foot en Angleterre, des gens qui ont grandi avec l’amour d’un club, qui sont fiers de leur maillot. Sur des matches à Bayonne, à Toulon, à Castres, ça m’a choqué.
Il ne le cache pas : en arrivant à Montpellier, il a senti une équipe très blessée et meurtrie par sa dernière saison. Extrait:
Clairement. Et c’est normal. J’en ai parlé à des joueurs et c’était bien, je pense, que je sois arrivé ici sans cette blessure. De mon point de vue, il fallait leur faire comprendre qu’ils étaient d’excellents joueurs et qu’ils y croient à nouveau. Après une telle saison (13e), vous perdez confiance et j’ai fait de mon mieux pour les encourager à reprendre confiance en eux. Quand vous voyez nos piliers, nos talonneurs… Je peux vous dire que les Saracens auraient tout fait pour avoir de tels joueurs la saison dernière.
D’ailleurs, les premières semaines ont été très difficiles pour lui. Extrait:
Non. Les deux trois premières semaines, c’était très dur. La barrière de la langue, la chaleur (rires), le rugby… Je ne saurais pas trop comment décrire ce sentiment mais j’avais l’impression que je retournais à l’école. Même si je suis expérimenté, je découvrais une nouvelle équipe donc j’essayais de m’intégrer et prouver aux mecs que, contrairement à ce qu’ils pouvaient penser, je n’étais pas juste venu prendre de l’argent. Ils ont sûrement eu de mauvaises expériences là-dessus avec d’autres joueurs étrangers donc je voulais montrer que j’étais ici pour les bonnes raisons.
Une chose est sûre : il ne regrette pas d’avoir quitté les Saracens. Extrait:
Oh oui ! J’étais prêt. Je voulais découvrir autre chose. Et surtout aller dans une équipe où je pouvais aider, avoir un peu plus d’influence. Aux Saracens, j’avais beaucoup de chance, j’avais des coéquipiers comme Owen Farrell, mon frère (Mako Vunipola), Jamie George, Brad Barritt qui guidaient l’équipe et que je suivais dans leurs rôles de leaders. Mon influence était plutôt sur le terrain alors qu’ici, j’ai un rôle plus important en dehors du terrain. C’est ce que je cherchais. Je ne voulais pas aller dans un club où tout allait bien, car je voulais me prouver que j’étais encore un bon joueur quelle que soit l’équipe où je joue.
Pour vous donner un exemple, la grande différence entre les Saracens et ici, c’est que là-bas, il n’y a pas la pression de la relégation (pas de descente entre 2020 et la fin de saison 2024). Donc c’est parfois difficile de se motiver tous les week-ends. Et vous savez que vous finirez normalement dans les quatre premiers. Ici, il faut avoir le feu en vous tous les samedis. Sinon, vous avez cette menace de descendre en Pro D2. Retrouver cette pression chaque semaine m’a aidé…
Il indique également être en paix avec le fait de ne pas pouvoir jouer pour le XV de la Rose. Extrait:
Je me suis rapidement mis en paix avec ça. La aussi, je ne jouais pas très bien depuis un moment. J’ai raté pas mal de matches des Tournois des Six Nations. J’ai fait quelques tournées d’été et d’automne mais j’ai compris que je n’étais plus le joueur que je voulais être. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais besoin d’un projet différent. Il fallait que je retrouve cette flamme en moi, ce désir de compétiteur acharné que j’avais un peu perdu.
Il se dit très heureux en Top 14. Extrait:
Oui (il se marre). C’est dur chaque week-end. Cet été, le staff me parlait de rotations d’un match à l’autre. Moi, j’étais nouveau et je ne comprenais par pourquoi on parlait de ça. Je ne voulais pas tourner. Et puis on s’est lancé dans ce tunnel de neuf matches et j’ai compris (rires). Physiquement, ça tape fort, mais il y a aussi cette pression de gagner, qui peut vous user plus que des courbatures ou des coups. Ici, si vous jouez à 70-80 %, c’est foutu.
Mais j’ai retrouvé le plaisir de jouer, avec le sourire sur le terrain. Et ça fait du bien. Mon meilleur juge sur mes performances, c’est mon fils, il a quatre ans et il est intransigeant (rires). Sa maîtresse lui a demandé si j’étais un bon joueur. Il a répondu ”oui, pas trop mal, mais il lâche souvent le ballon !” Donc je dois m’améliorer là-dessus. J’ai perdu deux ballons à Castres, un à Bordeaux, il a tout noté !
Pour conclure, Billy Vunipola raconte l’intégration de sa famille en France. Extrait:
Mon fils est dans une école française, il apprend quelques mots et m’en apprend certains. Comme “arrête”. Je lui ai demandé pourquoi il disait ça tout le temps. Il m’a expliqué que ça voulait dire stop et que sa maîtresse lui disait souvent car il parle trop (rires). Avec ma femme, on adore une chose, c’est le rythme de vie plus lent qu’en Angleterre. Si vous êtes en retard à un rendez-vous à la banque, ce n’est pas si grave, on sent les gens moins stressés. On a trouvé un bon équilibre pour passer du temps tous les trois ensemble les mercredis et les dimanches. Des joueurs en Angleterre me demandent souvent si ça vaut le coup de venir, et je leur dis qu’il ne faut pas hésiter s’ils ont une proposition car c’est un changement de vie qu’ils ne regretteront pas.