Le rugby et les vignes de l’Aude sont les deux piliers de la vie de Christophe Urios. Ce dimanche 5 janvier, dans un très long entretien accordé à Midi Olympique, le manager de Clermont s’est livré sur une blessure intime : sa relation tumultueuse avec son père, un conflit qui aura duré trois décennies.
Originaire de Pépieux, un village viticole de l’Aude, Christophe Urios a grandi dans une famille où le travail de la vigne était une tradition. Pourtant, à l’âge de 17 ans, son choix de vie a conduit à une fracture familiale.
Il raconte un désaccord avec son père, centré sur des attentes divergentes, qui a laissé des traces profondes. Extrait :
Il voulait que je reprenne le vignoble alors que je voulais rester dans le rugby. Des c*nneries, finalement. Je suis parti, il est resté, et voilà. C’est ma fragilité aujourd’hui, alors que je n’ai peur de rien. Je suis parti à dix-sept ans à Carcassonne quand je commençais à jouer en équipe première, et je me suis fâché avec mon père. Cela m’a durci. On ne s’est plus parlé pendant trente ans. Je peux être très sensible aux gens loyaux, voire les protéger. Donc ma relation avec certains joueurs peut être due à celle que je n’ai pas eue avec mon père… Mais je peux aussi être insensible contre ceux qui trichent, même s’ils sont malheureux.
Malgré ce conflit, Christophe Urios n’a jamais oublié l’éducation exigeante inculquée par son père. Extrait :
Mon père nous faisait bosser dans les vignes très tôt, conduire le tracteur très tôt. Dès l’âge de 14-15 ans, on allait espoudasser, on allait tailler, on allait soufrer avec lui, évidemment. Avec mes frangins, on a été éduqués à ce rythme-là. Mon père était un réfugié espagnol arrivé en France après la guerre civile en Espagne. Et la vigne représentait pour lui une ascension sociale. Il travaillait tous les jours, et pour lui, c’était inconcevable qu’on ne travaille pas avec lui, qu’on ne l’aide pas. Donc les mercredis après-midi, quand on n’avait pas école, les samedis, les dimanches, quand on n’avait pas de match, on allait à la vigne.
Après des années de silence, Christophe Urios et son père ont finalement retrouvé une forme de paix.
En 2020, le manager a même racheté le domaine de Pépusque, qui produit aujourd’hui 100 000 bouteilles par an.