Le Stade Toulousain va défier les Sharks ce samedi (16h15) pour tenter de continuer son parcours parfait en tête de la poule 1 de Champions Cup. Mais au-delà d’un simple enjeu comptable, ce duel sera aussi le théâtre de retrouvailles entre les nombreux internationaux toulousains et les Springboks, qui leur avaient barré la route d’un sacre mondial en 2023.
Quinze mois après, voici que la désillusion du quinze de France en quart de finale de “sa” Coupe du monde face à l’Afrique du Sud (28-29), s’invite dans un match de poule de Champions Cup du Stade Toulousain. A Durban, les joueurs d’Ugo Mola tenteront de confirmer leur statut de leader de la poule 1 avec deux victoires bonifiées dans leur sillage face à l’Ulster et à Exeter. Ils essaieront aussi de l’emporter pour suivre le rythme de l’Union Bordeaux-Bègles et Northampton, les deux autres équipes avec ce total de dix points, en sachant que seuls les deux clubs avec le total de points le plus important des quatre poules seront assurés de jouer à domicile, potentiellement jusqu’en demi-finale, ce qu’avait réussi à faire les Toulousains la saison passée.
Huit quart de finalistes bleus alignés à Durban
Mais les tenants du titre ne pourront passer à côté de la symbolique de ce déplacement. C’est la première fois que les internationaux du Stade Toulousain vont croiser la route de leurs bourreaux de ce maudit 15 octobre 2023. Huit joueurs français alignés ce jour-là seront sur la pelouse du Kings Park Stadium samedi après-midi (Baille, Mauvaka, Flament, Jelonch, Dupont, Ramos étaient titulaires, Aldegheri et Cros remplaçants). En face, si Eben Etzebeth, blessé depuis un mois, n’est visiblement pas remis, les Nche, Mbonambi, Koch, Kolisi ou Nyakane, sans parler de Mapimpi, pas sur la feuille en quart, seront les visages du cauchemar de l’époque.
“Il y aura une petite part de nous qui y pensera“, ne cache pas le capitaine stadiste Antoine Dupont, que ce retour en arrière replonge aussi dans le contexte de sa blessure à la pommette, feuilleton de l’époque. “Sûrement qu’il y aura des souvenirs qui remonteront, mais aujourd’hui le contexte est complètement différent. Il n’y a pas d’histoire de revanche par rapport à ça. Le match, on l’a perdu. On est aujourd’hui dans un tout autre contexte”. D’un match qui ne pourra changer les choses, mais qui sera tout de même important pour des internationaux “Premium”, privés de tout déplacement imaginable ici-même en tournée d’été, avec le fonctionnement de l’équipe de France, qui laisse ses cadres au repos en juillet.
“Ce match a marqué le rugby français”
Alors, dans la préparation de ce match décisif, déjà chargé émotionnellement avec en début de semaine l’hommage rendu à Medhi Narjissi, tragiquement disparu l’été dernier au Cap, le staff n’est pas passé à côté, le manager Ugo Mola le reconnaît: “Ce match a marqué le rugby français. Dans tous les cas, une compétition qui nous était promise nous a échappé. On parle beaucoup des 11-12 internationaux sud-africains, mais je ne peux pas non plus cacher les 11-12 internationaux français dont l’effectif du Stade Toulousain et l’équipe et le groupe de demain disposera. Évidemment qu’il y a un bout d’analogie entre ce qu’ils ont vécu il y a un an et la capacité à venir en Afrique du Sud”.
Avec le sentiment, poursuit-il, que ce retour dans le passé vient pousser tous les curseurs pour endre vers le haut niveau. “Cela permet de se confronter à ce rugby qui est, en termes de résultats, le meilleur du monde depuis les deux dernières Coupes du Monde. Évidemment, tous les critères sont amenés au paroxysme de la haute intensité, du volume, de la confrontation, des duels. Évidemment qu’on a envie de voir ce que va donner les Siya Kolisi contre Cros, les Dupont contre Williams ou Hendrikse, plein de duels, plein de confrontations, plein d’oppositions de styles en termes de rugby. Donc oui, franchement, en tant que coach, c’est passionnant à préparer”.
“On ne parle pas de revanche”
On en viendrait presque, au contraire des Toulousains on imagine, regretter l’absence du guerrier Eben Etzebeth, tant son duel de 2e lignes face à Emmanuel Meafou faisait saliver. Tant pis, on attendra le mois de novembre et la venue des Springboks au Stade de France pour ce choc de titans. L’enjeu principal ne doit donc pas échapper aux internationaux français, inutile de le préciser à Thibaud Flament: “Je pense que ça fait partie du contexte de ce match, même si ce n’est pas l’objectif principal. Dans notre tête, on ne parle pas de revanche par rapport à la Coupe du Monde ou de test par rapport à l’hémisphère sud. Je pense qu’on est vraiment dans cette optique de club avec des matchs de Champions Cup qui comptent tous beaucoup, qui nous permettent d’avancer dans nos conditions pour la suite de la compétition “.
L’Union Bordeaux-Bègles et Northampton à dix points également au classement, La Rochelle, le Leinster et les Saracens en embuscade à neuf, gare au faux-pas pour ce Toulouse-là, souvent vu comme invincible ces derniers mois, si les démons ressurgissent tout d’un coup. “Peut-être que c’est dans la tête des joueurs français”, évoque l’Anglais Jack Willis. “Mais là, tout le monde veut gagner les matchs de la Coupe d’Europe avoir les mêmes souvenirs que l’année dernière”.
La route de la finale, à Cardiff cette année, passe par Durban, son été et ses trente degrés, son public à fond derrière ses idoles championnes du monde. Les Toulousains, habitués des grands rendez-vous, se verraient bien y installer la climatisation. Et ses internationaux, sur la route de la Coupe du monde en Australie, régler quelques comptes.
Via RMC Sport