Ce samedi après-midi, le Stade-Toulousain défie les Sharks à Durban, dans le cadre de la 3ème journée de la Champions Cup.
Il s’agit d’une première pour le Stade-Toulousain qui n’a encore jamais joué un match officiel en Afrique du Sud.
Le manager Toulousain Ugo Mola s’est confié via Midi Olympique. Extrait:
Je ne sais pas s’il y a un appétit différent. Tout est différent, même notre adversaire que l’on connaît pourtant bien, car on l’affronte dans un nouveau contexte. On dispute une compétition qui nous amène à voyager très loin de chez nous. Donc, évidemment, ça a créé à la fois une forme d’exotisme et d’inconnu, qui restent toujours intéressants à préparer, parce qu’on se “maîtrise” entre équipes européennes depuis quelques années. L’arrivée des équipes sud-africaines apporte un autre volet à cette compétition qui, au-delà d’en juger la pertinence ou pas, amène sportivement à réfléchir. Afin de répondre à ce rugby sud-africain qui reste, jusqu’à preuve du contraire, le meilleur au monde.
Au-delà de la contrainte des résultats inhérents à la compétition, il y a aussi une dimension d’apprentissage et d’ouverture supplémentaire. Oui, parce que le rugby sud-africain, à la fois dans son approche stratégique, à la fois dans l’utilisation de la règle, de sa capacité à optimiser ses effectifs et la manière dont ils entrevoient le rugby – ou en tout cas de la manière dont ils le pratiquent – c’est une nation majeure du rugby mondial. C’est l’endroit où il y a le plus de licenciés au monde, il y a donc un respect total de notre part sur le fait d’arriver dans une terre de rugby incroyable.
Il l’affirme : le rugby est prépondérant dans le quotidien des Sud-Africains. Extrait:
On est passé par plusieurs endroits et on voit que le rugby a une part prépondérante dans le quotidien des Sud-Africains et que c’est aussi un moyen pour eux de s’exporter, de montrer leur qualité. Nous, on a eu la chance d’avoir eu dans notre effectif, il y a encore peu de temps, des joueurs issus de l’Afrique du Sud et pas des moindres. Force est de reconnaître qu’ils ont un attachement à leur rugby et à leur pays qui est viscéral. Aujourd’hui, pouvoir jouer un match comme ça, c’est une opportunité et une chance. On peut débattre encore une fois de la pertinence des choses, mais il n’empêche que sportivement, c’est toujours bien de pouvoir se confronter à autre chose.
Il revient ensuite sur ce voyage en Afrique du Sud effectué à 49 personnes au total. Extrait:
À huis clos, par la force des choses. Quand tu voyages à 49 personnes, il y a quand même des contingences matérielles et logistiques qui sont très marquées entre un changement d’hémisphère, un changement de température et de météo. Et puis, on est venu se greffer – peut-être que c’est ça qui vous donne le sentiment de huis clos – à une forme de soutien indéfectible à la famille de Mehdi et donc à la famille de Valérie, Jalil et Inès Narjissi. Parce que, par pudeur, il nous semblait nécessaire et utile de le montrer. Il n’y a pas de hiérarchie ou de monopole de la tristesse, mais il y a dans tous les cas la volonté du club d’être présent auprès de la famille. Donc, ça a été un moment, je ne vous cache pas, très dur, mais qui, symboliquement, a été très fort.
Il explique pourquoi l’hommage à Medhi Narjissi s’est effectué à huis clos. Extrait:
La pudeur, parfois, appelle souvent à ne pas trop exprimer de choses, à ne pas trop montrer, surtout dans un monde où on montre beaucoup de choses, je pense que parfois être capable de… Il n’y avait pas du tout la volonté d’exclure qui que ce soit, mais je pense que par pudeur, et à commencer par moi personnellement, je ne me voyais pas diffuser quoi que ce soit. Donc voilà, on est resté entre nous, donc ça, ça a été assez fort, voire très fort. Pour être passé par des drames personnels, je ne pense pas avoir vécu quelque chose comme ça dans le rugby depuis que je le pratique.
Il explique ensuite pourquoi ce voyage s’annonce inoubliable. Extrait:
Entre le périple des voyages, des trajets, de l’adaptation, du changement de météo, des changements d’hôtel, de l’adaptation de météo, on est passé quasiment par trois journées totalement différentes, on a eu 30 degrés avec des seaux d’eau pendant notre premier entraînement, le lendemain c’était beaucoup d’humidité… Je ne sais pas dans quel état la météo sera le jour du match, mais ce qui est sûr, c’est qu’on a connu déjà pas mal d’adaptations sur le plan physiologique et sur le plan rugbystique. On est quand même inquiets sur le rythme, sur l’intensité, sur la densité physique de nos amis sud-africains, et sur cette capacité qu’ils auront à maîtriser l’environnement bien mieux que nous. Sans oublier qu’il y a des joueurs de classe mondiale parmi eux, qui joueraient dans n’importe quelle équipe.
C’est le champion du Challenge européen contre le champion de la Champions Cup. Donc, évidemment, tous les critères sont amenés au paroxysme de la haute intensité, du volume, de la confrontation, des duels. Évidemment qu’on a envie de voir ce que vont donner les Etzebeth contre Meafou-Flament, les Kolisi contre Cros, les Dupont contre Williams… Il y aura plein de duels, plein de confrontations, plein d’oppositions aussi de styles en termes de rugby.
Franchement, en tant que coach, c’est passionnant à préparer, on a essayé de le faire en conséquence. L’effectif du Stade Toulousain, sa jeunesse et sa formation nous ont permis d’emmener ici une équipe que l’on estime compétitive. On nous l’a d’ailleurs un petit peu reproché : pourquoi aller avec cet effectif-là en Afrique du Sud ? Mais moi, je crois que ça fait partie du chemin initiatique qui est le nôtre. C’est de passer par Durban, de passer par cette confrontation-là.