Avec 23,72% des joueurs nés à l’étranger, le Tournoi des Six Nations 2025 illustre une diversification croissante parmi les effectifs des grandes nations européennes de rugby.
Ce chiffre, en légère hausse par rapport à l’année dernière (22,53%), témoigne de l’impact des règles d’éligibilité assouplies par World Rugby.
Depuis le 1er août 2024, un joueur peut désormais cumuler cinq années de résidence, même non consécutives, pour représenter un pays.
Cependant, cette réforme alimente les débats. Si elle permet à des talents de rejoindre des équipes nationales majeures, elle est critiquée pour son impact sur les nations émergentes.
World Rugby espérait redynamiser le rugby et gagner en compétitivité.
Mais Paul Tait, journaliste pour Americas Rugby News, met en lumière cette problématique. Extrait :
Est-ce que cela s’est avéré vrai ? Jusqu’à présent, non. Au contraire, des exemples montrent que les élites du sport exploitent cette modification des règles à leur avantage, au détriment des nations émergentes.
L’Écosse demeure le pays comptant le plus de joueurs nés à l’étranger, avec 14 joueurs sur 37 (38%). La majorité de ces joueurs sont éligibles grâce à des liens familiaux, comme Fergus Burke, demi d’ouverture né en Nouvelle-Zélande, ou encore Duhan van der Merwe et Pierre Schoeman, qui remplissent le critère de résidence.
Parmi les autres cas notables, Josh Bayliss (Angleterre), Jack Dempsey (Australie) et Sione Tuipulotu (Australie) ont représenté leur pays de naissance chez les U20 avant d’endosser le maillot du XV du Chardon.
L’Italie suit avec 30% de joueurs nés à l’étranger (9/30). Des noms comme Sebastian Negri (Zimbabwe), Stephen Varney (Pays de Galles) et Ange Capuozzo (France) reflètent la diversité de l’effectif italien. Le Pays de Galles, quant à lui, affiche 10 joueurs nés à l’étranger sur 34(29%), majoritairement originaires d’Angleterre ou, dans le cas de Christ Tshiunza, du Congo.
En Irlande, 9 joueurs sur 36 (25%) sont nés à l’étranger, dont des figures majeures comme Bundee Aki (Nouvelle-Zélande) et Mack Hansen (Australie). Cette stratégie contribue à renforcer une équipe irlandaise déjà performante.
En bas de tableau, la France et l’Angleterre ont le plus faible pourcentage de joueurs d’origine étrangère, avec respectivement 14% (6/42) et 8% (3/36).
Pour les Bleus, des joueurs comme Thibaud Flament (né en France mais formé en Belgique) ou Emmanuel Meafou (Néo-Zélandais naturalisé en 2023) illustrent une approche plus axée sur des critères traditionnels.
Si cette internationalisation enrichit les effectifs des grandes nations, elle soulève des questions éthiques et stratégiques.
La concentration des talents dans les pays dominants du rugby mondial pourrait entraver le développement des nations émergentes, un objectif pourtant central de World Rugby.
Ainsi, le Tournoi des Six Nations 2025 reflète à la fois l’évolution d’un rugby mondialisé et les tensions inhérentes à cette transformation.