Ce mardi, le journal sportif L’équipe révèle une bombe.
Le montage financier effectué par le Stade-Toulousain pour recruter Melvyn Jaminet à l’USAP, en 2022, pose problème.
Auteur de belles prestations avec le XV de France lors de la tournée estivale des Bleus en Australie en juillet 2021, Melvyn Jaminet est approché par le club de la Ville Rose.
En 2022, l’arrière finit par céder aux sirènes du Stade-Toulousain et rejoint donc le club dirigé par Didier Lacroix.
Et selon L’équipe, Melvyn Jaminet aurait accepté de s’asseoir sur un demi-million d’euros afin de rejoindre le Stade-Toulousain.
Autrement dit, Melvyn Jaminet aurait payé très cher pour signer à Toulouse. Incroyable, mais vrai.
En 2021, Melvyn Jaminet décide de ne pas renoncer à sa clause de sortie comme l’explique François Rivière, le président de l’USAP. Extrait:
« Ce qui est vrai, c’est que Melvyn n’a pas renoncé à la clause de sortie anticipée qui figure dans son contrat. Il pouvait la dénoncer avant la fin du mois de février, il ne l’a pas fait. Ça veut donc dire qu’il se réserve la possibilité d’aller dans un autre club, ni plus ni moins. »
A ce moment-là, Perpignan refuse absolument de voir son joueur partir et refuse donc de négocier avec le Stade-Toulousain.
Comprenant que la situation allait se compliquer pour quitter l’USAP de manière anticipée, Melvyn Jaminet accepte de renégocier son contrat. Son salaire est revu à la hausse et surtout, une clause libératoire est ajoutée à son contrat lui permettant de quitter le club chaque saison contre un montant de 450 000 euros à verser au club Catalan.
Le directeur général de l’USAP, Bruno Rolland se confie. Extrait:
« Quand il a prolongé avec l’USAP, Melvyn Jaminet avait exprimé la possibilité de pouvoir se libérer pour éventuellement signer dans un plus grand club. Cette clause est prévue par les règlements de la Ligue, homologuée par la Ligue, avec une date butoir. C’est la seule clause autorisée dans les contrats et c’est le joueur qui est redevable de l’indemnité, pas le club destinataire. De par l’existence de cette clause, on n’est pas dans le cadre d’un transfert classique avec une négociation de club à club. »
Sans surprise, Melvyn Jaminet décide d’utiliser cette clause en juillet 2022. Dès le mois de janvier 2022, il prévient ses dirigeants qu’il quittera l’USAP en fin de saison.
Alors qu’il lui reste deux ans de contrat avec Perpignan, il annonce en avril 2022 qu’il quittera l’USAP en fin de saison afin de rejoindre le Stade-Toulousain. Extrait:
« Quand le Stade Toulousain vous contacte, c’est difficile de refuser. Toutes les conditions étaient réunies pour y aller. En signant à Toulouse, avec l’ambition qu’a ce club et les joueurs qu’il y a, je ne ferai que progresser. C’est un risque, mais je pense que pour progresser il faut de la concurrence. »
Comme le veut la clause, Melvyn Jaminet va devoir régler la somme de 450 000 euros à Perpignan, étant donné son départ prématuré du club.
Selon L’équipe, le joueur décide alors de contracter deux emprunts personnels : un de 150 000 euros et un autre de 300 000 euros.
Il s’agit alors d’une première : un joueur décide de s’endetter de 450 000 euros pour rejoindre le Stade-Toulousain !
Des doutes existent cependant sur la bonne légalité de ce transfert.
Informé du sujet, le président de l’USAP, François Rivière explique ne pas comprendre. Extrait:
« Ah bon ? Je suis un peu étonné parce que dans mon souvenir, ce transfert s’est bien passé. La somme due à l’USAP a été payée et même très bien payée par le Stade Toulousain. ».
Dans la foulée, il se corrige et précise que c’est Melvyn Jaminet qui a payé les 450 000 euros. Extrait:
« Oui, vous avez raison. Ça me revient. C’est Jaminet qui a payé, c’est lui qui devait indemniser le club. Ce qui se passe après ? Je pense que le Stade Toulousain a dû compenser au joueur ce qu’il a payé à l’USAP. Ce qui est logique, c’est que lorsqu’un joueur quitte un club pour un autre plus riche, plus puissant, il doit avoir de meilleures conditions salariales. À mon avis, Jaminet a dû gagner le double de ce qu’il touchait à Perpignan et pouvait donc rembourser sans problème. Ou alors, Jaminet avait des petits sous de côté pour payer l’indemnité. »
Mais la réalité est toute autre.
Selon L’équipe, le Stade-Toulousain n’a pas compensé l’emprunt contracté par Melvyn Jaminet.
En effet, aucune prime à la signature n’a été versée au joueur puisque cette prime aurait dû être comptabilisée dans le Salary Cap.
Par ailleurs, le salaire de Melvyn Jaminet à Toulouse n’a pas été doublé par rapport à celui qu’il touchait du côté de Perpignan.
En effet, à Toulouse, Melvyn Jaminet était rémunéré aux alentours des 20 000 euros par mois.
Enfin, les emprunts contractés par Melvyn Jaminet confirment que le joueur n’avait pas d’argent de côté.
Plus inquiétant cette fois : le président du Stade-Toulousain, Didier Lacroix se dit désormais prêt à verser ces 450 000 euros à Melvyn Jaminet, alors que ce-dernier évolue au Rugby Club Toulonnais depuis le mois de novembre 2023.
Des négociations existeraient entre le Stade-Toulousain et le Rugby Club Toulonnais.
Mais le président du RCT, Bernard Lemaitre aurait récemment demandé à Didier Lacroix de se débrouiller directement avec Melvyn Jaminet pour lui transmettre les 450 000 euros, sans que le club de Toulon ne soit impacté par cette transaction.
La question est de savoir pourquoi Toulouse a attendu plus d’un an après le départ de l’arrière Français vers Toulon pour réfléchir à comment lui payer ces 450 000 euros.
Le directeur financier du Stade-Toulousain, Jean-Philippe Rey s’est confié via L’équipe. Extrait:
« Pour être totalement transparents, nous sommes sur ce sujet dans une procédure avec la Ligue nationale et le salary-cap manager. Il ne nous appartient pas de commenter alors que les conclusions ne sont pas rendues. On veut dénouer, comprendre les tenants et aboutissants et faire la clarté avec la Ligue et le contrôleur salary-cap. »
Même son de cloche du côté du salary-cap manager qui confirme lui aussi « être en pleine procédure confidentielle et ne pas pouvoir commenter quoi que ce soit. »
L’équipe rajoute que la direction du RCT n’a appris la situation financière de Jaminet qu’au moment où il réfléchissait à sanctionner ou non le joueur suite à la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux où il proférait des propos à caractère raciste, lors de la Tournée estivale des Bleus en Argentine, au mois de juillet dernier.
Problème : Jaminet n’a toujours pas fini de rembourser son prêt bancaire de 450 000 euros.
En parallèle, cette affaire de propos racistes émis lors de la Tournée estivale des Bleus en Argentine a fait perdre beaucoup d’argent au joueur.
En effet, Melvyn Jaminet a perdu plusieurs contrats d’image suite à cette affaire.
Ce n’est pas tout : pour le sanctionner, le Rugby Club Toulonnais a décidé de diviser son salaire par deux.
Un proche du dossier explique que, face à cette situation compliquée, le RCT a voulu aider son joueur. Extrait:
« Effectivement, à partir de ce moment-là, le RCT a examiné la situation de Melvyn sous tous les angles, avec ses conseils. Et a réalisé qu’il y avait des sommes qui lui étaient dues à la suite de sa pérégrination entre Perpignan et Toulouse. Des sommes qui ne lui ont pas été payées. »
Ces derniers jours, le président de Toulouse se dit prêt à aider Melvyn Jaminet. Preuve que Toulouse doit encore une belle somme financière à son ancien joueur.
La plupart des sources indiquent que Melvyn Jaminet se serait fait avoir dans cette affaire. Mais l’international Français ne serait pas la seule victime puisque Toulouse serait également perdant dans l’histoire.
En effet, il se dit que les 450 000 euros auraient été versés par le Stade-Toulousain non pas directement à Melvyn Jaminet mais à un avocat, à savoir Maître Arnaud Dubois.
Cet ancien avocat au barreau de Limoges – qui est depuis juillet dernier le président directoire du Biarritz Olympique – n’aurait jamais reversé cette somme à Melvyn Jaminet.
Pourquoi Toulouse aurait versé cette somme à Arnaud Dubois ?
Tout simplement parce que Arnaud Dubois était impliqué dans un étrange partenariat entre Toulouse et Tahiti.
Plus précisément, le Stade-Toulousain avait signé un engagement avec Pacific Heart, une société aux activités diverses et variées : promotion, réalisation, vente de concerts, de journaux ou revues, d’événements sportifs ; secrétariat d’artistes ; régie publicitaire ; merchandising ; import-export ; gestion immobilière…
Toulouse a versé 500 000 euros à Pacific Heart pour développer sa marque à l’international.
La gérante de Pacific Heart, Cynthia Teinaore s’est confié via L’équipe. Extrait:
« C’était pour un stage, un match et un développement sur le long terme. Ce qui aurait été énorme ! Ils ne sont pas venus. Ils ont préféré le Japon, où il y a plus d’argent. Voilà, ça s’est mal fini. Ce qui est sûr, c’est que je ne travaillerai plus avec le Stade Toulousain. »
L’affaire s’est mal terminée avec un litige financier entre les deux parties.
Elle précise alors que l’avocat Maître Dubois a tenté de convaincre Toulouse d’aller au bout de son projet. Extrait:
« Oui, il avait essayé de les convaincre de mener à bien le projet. C’est lui qui m’avait mis en relation avec le Stade Toulousain quand leurs joueurs étaient bloqués pendant le confinement en Nouvelle-Calédonie (dont Peato Mauvaka). Mais je n’ai joué aucun rôle dans un transfert quelconque de joueur. Vous me parlez de 450 000 euros ? Non, franchement, on ne parle pas le même langage. Vous me sortez une somme qui sincèrement est « rêvante ». J’ai rien à voir là-dedans, je ne suis qu’une Polynésienne sur une île perdue qui aime le rugby. »
En réalité, Maître Dubois était par la même occasion l’avocat de Melvyn Jaminet durant ce transfert. C’est pour cette raison que les 450 000 euros ont été versés sur un compte appartenant à Maître Dubois.
En parallèle, Maître Dubois facturait des conseils au Stade-Toulousain. Or, cette situation représentait clairement un conflit d’intérêts.
Ce montage financier pour régler la somme de 450 000 euros aurait été imaginé par Maître Dubois et aurait été validée par le président Toulousain Didier Lacroix.
Ce qui intrigue, c’est la somme versée par le Stade-Toulousain à la société Pacific Heart pour un projet qui est finalement tombé à l’eau.
Interrogé à son tour, Maître Dubois se confie. Extrait:
« C’est compliqué parce que je ne suis plus avocat et je ne sais pas du tout comment réagir par rapport au secret professionnel. J’ai besoin d’avoir des autorisations. Je vais appeler mon ancien bâtonnier. Je ne peux pas vous parler au téléphone, je vais voir le match France-Galles si ça vous intéresse. Je ne vous dirai rien de plus là-bas. »
Vous l’avez compris : une sombre affaire d’argent et de contournement se cache derrière cette somme.
Affaire à suivre…