Bientôt un an après ses grands débuts avec le XV de France, Georges-Henri Colombe Reazel entame ce vendredi face au Pays de Galles (21h15) son second Tournoi des VI Nations. Ses ambitions, ses qualités surnaturelles de vitesse au poste de pilier, sa personnalité, ses passions mais aussi ses sautes de rigueur et ses marges de progression… L’imposant rochelais de 26 ans, futur joueur du Stade Toulousain, se raconte sur RMC.
Le garçon n’est pas loin de l’archétype du grand timide. Sur le terrain, pourtant, son impressionnant gabarit (1,93m, 142 kilos) fait frémir plus d’un adversaire. Parlons-en donc aux Gallois qui, le 10 mars 2024, avaient subi de plein fouet la folle première sélection internationale de l’explosif Georges-Henri Colombe Reazel, auteur de charges surpuissantes et d’un essai décisif pour le XV de France (24-45) après son entrée en jeu.
Ce vendredi soir, c’est justement l’heure des retrouvailles entre le Pays de Galles et ‘GH’, présent sur le banc des remplaçants tricolores, à l’occasion du match d’ouverture de l’édition 2025 du Tournoi des VI Nations. La huitième apparition en Bleu du – colosse mais néanmoins (très) rapide – pilier droit, dont le profil plaît beaucoup au staff de Fabien Galthié et auprès duquel son statut semble prendre de l’épaisseur.
A ce paradoxe près: doublure de Uini Atonio en club comme en sélection, titularisé à une seule reprise en quatorze sorties cette saison, le natif de Nanterre affiche un niveau en dents de scie avec La Rochelle. Son manager Ronan O’Gara estimant même, pas plus tard qu’à l’automne dernier, un mois avant de disputer 70 minutes face aux All Blacks, qu’il était alors… “quatrième pilier droit” dans la hiérarchie maritime!
En partance pour le Stade Toulousain dès l’été 2025, le discret champion d’Europe (2023) s’est récemment confié à RMC sur divers thématiques. Morceaux choisis.
Ses ambitions en Bleu: “Jouer le maximum possible”
Le Tournoi 2024 a été un gros coup de projecteur pour moi. J’étais très heureux (d’y faire mes premières sélections). Je savais qu’en travaillant beaucoup plus et en m’envoyant encore plus sur le terrain, ça allait forcément payer un jour. Après, que ça arrive aussi tôt, je ne m’y attendais pas. Ce que je retiens de la tournée de novembre? Beaucoup de fierté, avec l’envie de retourner le plus tôt possible en Bleu et de montrer que j’ai ma place dans cette équipe. Mes ambitions, c’est de jouer le maximum possible. Le staff m’a dit de continuer à bosser, de ne rien lâcher et que ça payera au fur et à mesure. Je sais sûr quoi il m’attend, ce sur quoi je dois progresser.
Le successeur naturel d’Atonio?: “On a deux styles de jeu complètement différents”
Avec Uini, on s’entend très bien, on a une bonne relation, ça facilite les choses. C’est quelqu’un d’assez simple et qui ne se rend pas la tête avec la concurrence. Certains disent que je suis son successeur naturel? Oui, ça m’est revenu aux oreilles. Après, les commentaires, je regarde sans forcément regarder…
Je sais que Uini est un joueur incroyable et qu’il a une carrière énorme. Mais on est des joueurs différents. On a exactement le même gabarit mais deux styles de jeu complètement différents. Uini a l’intelligence du jeu, il se place à la perfection sans faire le moindre effort. Ballon en main, il avance tout le temps, il est capable de faire des chisteras. Des qualités que je n’ai pas forcément. J’essaie de prendre exemple sur lui par rapport à ça. Mais je veux progresser dans mon style de jeu avant de vouloir essayer de faire ce que lui fait.”
Son profil atypique de pilier sprinteur: “C’est dans les gênes”
Ma mère et mon oncle ont fait pas mal d’athlétisme, jeunes. Mes qualités de vitesse et d’explosivité, c’est dans les gênes, on va dire. Depuis tout petit. Je me rappelle qu’au collège, j’arrivais souvent premier des courses, malgré mon gabarit plus élevé que les autres. J’ai toujours eu cette chance d’aller plutôt vite. Ça a toujours été l’un de mes points forts. Ça a surtout marqué mes profs de sport. Ils me disaient: ‘Tu ne peux pas te mettre à l’athlétisme?’. C’est un sport que j’aime regarder mais je n’ai jamais été trop intéressé.
Mon premier président de club de rugby (Racing Nanterre Rugby), Marc Chevallier, avait dit à ma mère que j’avais un gros potentiel, que j’accéderai au plus haut niveau. Des actions où je porte le ballon, j’en ai fait un paquet dans les catégories jeunes. J’aime cette sensation d’accélérer.
J’ai eu quelques alertes aux ischios dans ma carrière mais rien de très grave. Je suis un sprinteur mais je n’ai pas les inconvénients (sourire). La première fois que je suis allé à Marcoussis, Thibault Giroud (alors directeur de la performance du XV de France, ndlr) m’en avait parlé. Il m’avait dit: ‘Un mec de ton gabarit qui va aussi vite, ça ne court pas les rues, c’est très rare! Donc garde ça et travaille-le.'”
Son manque de régularité: “Je dois marcher moins, faire plus d’efforts”
“Dans la vie de tous les jours, je suis plutôt quelqu’un de bon vivant, j’aime profiter. Mais je fais des efforts pour pouvoir rester au plus haut niveau le plus longtemps possible, j’essaye de trouver une forme de régularité, de me donner à 100% et même à 200% quand j’ai l’occasion de jouer. Après, quand tu n’enchaînes pas tous les week-ends, c’est plus compliqué. Ça passe par la concentration, plus d’engagement, de la régularité à l’entraînement et en match. Je dois marcher un peu moins, faire un peu plus d’efforts. Je ne dirais pas que ça me demande des sacrifices, non, parce que je suis sur le terrain pour prendre du plaisir et pour jouer, mais quand tu as l’habitude de le faire (marcher) depuis tout petit, forcément que ça devient une habitude. Quand tu la perds, c’est plus simple. Je sens que j’ai évolué depuis mon arrivée à La Rochelle. C’était un peu l’objectif à mon départ du Racing: évoluer et progresser avec Uini et le staff, ici.”
Son fonctionnement: “Je marche à la confiance et l’affectif”
“Les propos de Ronan O’Gara sur ma place dans la hiérarchie ? Je sais qu’il voulait bien faire, c’était pour me piquer et me pousser un peu plus. Mais je suis quelqu’un qui marche beaucoup à la confiance, je suis beaucoup dans l’affectif et, donc, ça n’a pas du tout marché. Ce qu’il a dit, je ne sais pas s’il le pense et je ne me pose pas trop la question. Tant que j’ai du temps de jeu et que je peux prendre du plaisir avec l’équipe et me donner à 100% quand je suis sur la feuille, que je sois quatrième ou premier, ça ne change pas grand-chose…
Laurent Travers (son ancien manager au Racing), aussi, était plus à vouloir me piquer. Après, il y a Donnacha (Ryan, adjoint d’O’Gara à La Rochelle) qui est plus dans l’affect. Certains du staff aussi. Ils ont compris comment je fonctionne. Et ils essaient de m’accompagner un peu plus par rapport à ça. C’est le cas en Equipe de France, avec William (Servat) et Manu Plaza (préparateur physique), qui m’accompagnent énormément. C’est plus comme ça que je fonctionne, j’arrive à travailler plus sainement dans ce sens-là.”
Sa personnalité: “Dans mon coin à ne pas vouloir déranger”
“Je suis plutôt réservé. Je suis très souvent dans mon coin à ne pas vouloir faire de bruit, à ne pas déranger. J’ai toujours été réservé et plutôt calme depuis tout petit. C’est dans ma nature et c’est ce qui me différencie un peu des autres. Pareil dans le vestiaire et sur le terrain, je suis plutôt concentré sur ma performance et sur ce que je peux apporter à l’équipe plutôt qu’à encourager les autres et les motiver. Je le fais parfois parce qu’on s’entend très bien dans le groupe et qu’on vit très bien ensemble mais je ne suis pas quelqu’un qui a l’âme d’un leader.”
Sa vie en dehors du rugby: “Le golf et le padel comme échappatoires”
“A la maison, je déconnecte complètement du rugby. Même si je regarde les matchs, notamment ceux de Pro D2 parce que j’ai des copains qui jouent un peu partout, je pense qu’on en mange assez toute la semaine, toute l’année. Les saisons sont longues. Si tu rentres chez toi et que tu repenses au boulot… même si c’est ma passion, j’ai envie de m’aérer un peu l’esprit et penser à autre chose.
Je profite avec ma compagne, du chien, du chat, une petite série de temps en temps. J’ai fait beaucoup de musique quand j’étais plus jeune – j’ai arrêté, j’ai tout perdu, c’est dommage – mais j’écoute vraiment de tout: du classique, du reggae, de la variété, du rap…
J’ai découvert le golf l’été dernier à l’île Maurice, avec ma compagne. Maintenant, j’y vais une à deux fois par semaine. Je me suis mis au padel, aussi, il y a quelques mois. C’est un peu mes échappatoires.”
Via RMC Sport
Un doux reveur sur son avenir teinté de narcissisme. En gros c est “Je suis beau, je vais devenir meilleur, je prefere qu on me parle gentiment et qu on ne me secoue pas Je dois marcher un peu moins, faire un peu plus d’efforts, …. ” 4e pilier de La Rochelle prouve qu il doit vraiment arreter de se regarder et rester modeste et enormement travailler.