Lancé à l’été 2023, le plan de haute performance de l’arbitrage a placé la barre très haut pour les arbitres des championnats professionnels français. Romain Poite et Mathieu Raynal, anciens arbitres internationaux, en sont les chefs d’orchestre.
Une exigence renforcée
Après avoir pris leur retraite en 2022 et 2024, Poite et Raynal ont pris les rênes de la cellule technique de la haute performance de l’arbitrage français. Jeudi dernier, à Paris, ils ont dressé un premier bilan après six mois d’application et détaillé le processus d’évaluation des 29 arbitres de champ, 22 juges de touche et 15 assistants vidéo qu’ils supervisent.
« Sur la performance, on a identifié cinq domaines clés : la sécurité, la vitesse, la mêlée, l’alignement/maul et l’espace », explique Romain Poite via Sud-Ouest. Ces axes d’analyse servent de référentiel pour chaque week-end de compétition.
Un suivi rigoureux et transparent
Le système d’évaluation repose sur un processus précis. Dès la fin des rencontres, les vidéos sont mises en ligne sur la plateforme Perf’Arbitres de la FFR, permettant aux officiels de revoir leur prestation, d’ajouter des observations et de poser des questions. C’est ensuite au tour de la cellule d’intervenir. « Nous venons qualifier chaque décision », précise Mathieu Raynal.
Chaque action arbitrale est classée selon plusieurs niveaux : non-décision, bonne décision, erreur, et la plus redoutée : la “high impact decision”, c’est-à-dire une décision ayant une influence majeure sur le score ou sur une équipe.
« On la refuse à nos arbitres parce qu’elle a une incidence trop importante sur le score ou sur l’équipe, il faut s’en tenir assez loin », insiste Raynal. L’objectif est d’atteindre 100 % de bonnes décisions. « Quand ils mettent le sifflet à la bouche, on veut que nos arbitres soient certains de ce qu’ils sifflent », ajoute-t-il. Toutefois, les non-décisions sont acceptées, car elles font partie du “déchet naturel d’un arbitre” et permettent un équilibre entre l’application du règlement et le bon déroulement du jeu.
Un partage des performances pour plus de clarté
Chaque mercredi, les rapports des rencontres sont accessibles à tous les arbitres, leur offrant ainsi la possibilité d’analyser leurs propres performances et celles de leurs collègues. « Ça nous offre beaucoup de transparence », estime Raynal. « Il n’y a pas de passe-droit, l’exigence est la même pour tous. Ils peuvent se nourrir des perfs des uns ou des contre-perfs des autres. »
Cette transparence profite également aux clubs. « Quand on leur présente notre mode d’évaluation, ils comprennent que tout est fait avec rigueur, que rien n’est mis sous le tapis. Ça les rassure. »
Une amélioration continue et une sélection pointue
Pour garantir une cohérence dans les décisions arbitrales, des clips vidéo sont réalisés sur les actions les plus complexes. Ceux-ci permettent de confronter les points de vue et de dégager un “aide-mémoire” qui servira de référence pour les décisions futures.
Grâce à ce suivi constant, la cellule peut désigner les arbitres pour les rencontres un mois à l’avance. « On remet toujours en question notre classement, mais l’objectif, c’est que les meilleurs arbitrent les meilleurs matches », souligne Poite.
Le message est clair : l’exigence est à son maximum. « On ne peut pas se satisfaire de ce qu’on fait bien. Les arbitres sont d’éternels insatisfaits (sourire). »