Après la défaite en Angleterre, on pouvait s’attendre à des choix forts de Fabien Galthié pour le match à Rome dimanche, dans le cadre de la troisième journée du Tournoi des 6 Nations. Il n’a pas déçu, avec un banc densifié par la présence de sept avants et le retour de Léo Barré, écartant Matthieu Jalibert. Mais la décision la plus forte concerne Damian Penaud, écarté à la surprise générale, payant un match moyen à Twickenham.
Souriant, détendu, presque nonchalant, Damian Penaud était fidèle à lui-même ce mardi après-midi à Marcoussis. À la différence qu’il avait sur les épaules un chasuble jaune, celui réservé aux remplaçants, situation qu’il a rarement connu en Bleu.
Car dimanche, l’ailier ne sera pas à Rome, mais bien à Bordeaux, à disposition du staff de Yannick Bru. Selon nos informations, l’ailier a demandé à Fabien Galthié de pouvoir rentrer en club, comme l’avait fait Matthieu Jalibert au mois de novembre. Il pourrait donc affronter son ancienne équipe, Clermont, dans un match qui lui tient à cœur, plutôt que l’Italie.
Mais il va falloir avaler la pilule de cette mise à l’écart. Souvent décrit comme un “affectif”, l’ailier bordelais a besoin de confiance, et peut rapidement se sentir trahi. La surprise de sa non-sélection a également surpris son entourage, sans le faire douter de sa capacité à rebondir.
“Le piquer oui, mais pas trop appuyer”
On le sait, Damian Penaud n’est pas un joueur “comme les autres”. Un peu en marge des règles, génial, mais différent. “La seule interrogation que j’ai c’est comment on lui a expliqué sa mise à l’écart”, avance Cédric Heymans, ancien ailier international. “Le piquer, oui, faire jouer la concurrence à fond, oui, mais après il ne faut pas trop appuyer. C’est un joueur à part, avec un profil à part, une mentalité et une psychologie un peu à part.”
En le renvoyant à Bordeaux, Fabien Galthié veut créer un électrochoc, pour le voir revenir plus fort et plus concerné, peut-être dès le match à Dublin le 8 mars. Mais il prend le risque de perdre le meilleur atout offensif des cinq dernières années. “Par expérience, la nouvelle génération fonctionne beaucoup plus à la confiance qu’au coup de bâton“, admet Philippe Saint-André, ancien sélectionneur du XV de France. “S’il revient contre l’Irlande et que c’est l’homme du match, ça sera une masterclass de management. Mais s’il commence à douter et qu’on ne retrouve plus Penaud et ses qualités, ça sera un mauvais choix. Il n’y a que les personnes qui ne prennent pas de décision qui ne font jamais d’erreur.”
En Italie, il se murmure en tout cas que ce choix surprenant pourrait bien arranger les affaires des Transalpins…
Décevant lors du Crunch
Mais comment expliquer ce déclassement? D’abord par sa performance individuelle à Twickenham dans la défaite des Bleus. Offensivement, il a marqué, et a offert un essai d’une passe au pied à Louis Bielle-Biarrey. Mais il a aussi vendangé des situations offensives par de l’imprécision, dont une faute de main grossière devant la ligne anglaise en première période.
Défensivement, ses deux plaquages réussis sur sept tentés ont été pointés du doigt, comme son placement sur le dernier essai anglais. Pour Philippe Saint-André, ancien sélectionneur du XV de France cette décision est cohérente selon le nouveau style de management de Fabien Galthié : “En novembre déjà il avait sorti des cadres comme Aldritt. Dans son second mandat, si vous êtes performants, vous restez. Si vous passez à travers, même avec 50, 60 sélections, vous rentrez à la maison.”
Une année en Bleu difficile
Si Damian Penaud brille avec l’Union Bordeaux-Bègles, avec qui il a inscrit 15 essais en 12 matchs, ses prestations en Bleu sont plus compliquées. Après un Tournoi 2024 peu flamboyant, à l’image de l’équipe de France, l’ancien Clermontois est tombé malade en novembre, manquant l’intégralité de la tournée.
Puis une blessure à l’orteil l’a empêché de tenir sa place face au pays de Galles. Il n’avait participé qu’à un seul entraînement à haute intensité à Marcoussis avant de démarrer à Twickenham.
Il paraissait incontournable en Bleu et tombe de haut cette semaine mais Cédric Heymans comprend la décision de Fabien Galthié : “Il n’y a pas de débat, c’est la loi de la concurrence. L’équipe de France n’appartient à personne, ce maillot n’appartient à personne, ça fait partie du caractère d’un sportif de haut niveau. Mais je pense que Damian Penaud est toujours un joueur majeur du groupe.”
Une opportunité pour Attissogbe
Sa mise à l’écart va permettre à Théo Attissogbe, brillant avec Pau depuis plusieurs mois, de fêter sa 5e sélection en Bleus. Et de continuer sa moisson d’essais.
L’été dernier, il était allé deux fois derrière la ligne face à l’Argentine, avant de se blesser en novembre. En ouverture du Tournoi des 6 nations, il s’était offert un doublé face au pays de Galles, sur deux cadeaux d’Antoine Dupont.
Via RMC Sport