Pour affronter l’Italie, dimanche à 16h, l’équipe de France devrait opter pour une nouveauté sur le banc de touche. En plus de se priver de Matthieu Jalibert et Damian Penaud, Fabien Galthié devrait mettre sur le banc sept avants et un seul trois quart, Maxime Lucu. Une première en équipe de France mais une expérience tentée à de multiples reprises par l’Afrique du Sud, notamment lors de la finale de la Coupe du monde 2023.
Le bomb squad version french flair. Deux notions qui semblent contraire dans l’esprit du rugby mais que Fabien Galthié et son staff vont associer dimanche. Pour affronter les redoutables avants italiens, le sélectionneur devrait mettre sur le banc de touche sept avants (Baille, Marchand, Aldegheri, Taofifenua, Roumat, Jelonch et Jégou) et le seul Maxime Lucu derrière pour couvrir tous les postes de 9 au 15 en misant sur la polyvalence des joueurs. Une stratégie inventée par l’Afrique du Sud avant et pendant la Coupe du monde 2023. La première fois que la bande du duo Erasmus-Nienaber avait utilisé la “bomb squad” (“équipe de déminage”) c’était lors du match de préparation contre la Nouvelle-Zélande. Sept avants étaient rentrés simultanément à la 47e minute, un coaching payant pour une victoire historique (35-7). Seul Cobus Reinach, le Montpelliérain, couvrait par sa polyvalence les postes arrières.
“Un risque considérable”
Ce banc avait été utilisé aussi contre l’Irlande en phase de poule sans succès (défaite 13-8) puis en finale contre la Nouvelle-Zélande (victoire 12-11) pour aller chercher le quatrième titre mondial de leur histoire. Une stratégie surprenante selon Philippe Saint-André l’ancien sélectionneur:
“Je trouve que c’est un choix très risqué, parce que tu n’es pas à l’abri d’une blessure, d’un trois-quart au bout de trois ou quatre minutes, et avec juste un joueur sur le banc. Les Sud-Africains l’ont fait mais ils ont toujours été à l’abri d’une blessure. Autant 6-2, j’adhère à 100%, parce qu’avec des joueurs qui sont polyvalents, on peut changer pratiquement un cinq de devant à la cinquantième. Pour moi, un 7-1, c’est un risque considérable.”
Des finisseurs pas au niveau en Angleterre
Fabien Galthié, depuis sa prise de fonction, loue la polyvalence de ces joueurs capables de couvrir plusieurs postes. On se souvient de Sekou Macalou couvrant le poste d’ailier sur les bancs en 6-2, de la polyvalence des Cameron Woki, Alexandre Roumat, Charles Ollivon jouant aussi bien deuxièmes ou troisièmes lignes. Sans oublier Peato Mauvaka, troisième ligne en novembre, ou la possibilité pour Paul Boudehent de terminer centre lors d’un match, son poste de formation. Avant le match en Angleterre, Fabien Galthié avait justifié son banc en 6-2:
“On a des préparations très courtes par rapport à nos adversaires. La saison commence à peser sur nos joueurs. On a des forfaits parfois, des problèmes musculaires, on essaie de les faire monter en préparation. Le plus important c’est de gagner le rapport de force au niveau des avants: avec 6 finisseurs sur 8 sur le banc pour le combat sur le terrain. Je comprends aussi le 5-3 plus classique de nos adversaires, mais on n’est pas préparé comme eux.”
Cette semaine, il devra donc justifier cette fois-ci un 7-1. La prestation du match en Angleterre, notamment des finisseurs, sera probablement un début d’explication après un débrief lundi qui semble avoir été musclé et dont Penaud paye le prix. Les Bleus se sont fait bousculer comme rarement en Angleterre lors des vingt dernières minutes quand les remplaçants anglais (Baxter, George, Chessum et Ben Curry) sont rentrés. La qualité de la conquête, notamment en mêlée fermée, sera un autre argument pour défendre ce banc de touche. Et puis même si Fabien Galthié a pu expliquer que l’équipe de France n’était pas la Star Academy ou Koh Lanta et qu’il ne fallait pas changer beaucoup de joueurs ou céder à la politique de l’homme en forme, la prestation d’Anthony Jelonch, avec Toulouse à Clermont dimanche, pourrait lui faire réviser ses plans pour offrir une place sur le banc au troisième ligne toulousain qui pourra pallier en fin de match l’absence d’Emmanuel Meafou forfait pour le match.
Ce qui est certain c’est que le staff va croiser les doigts pour éviter les pépins derrière. Galthié sait que Dupont et Lucu couvrent les postes de 9-10, Ramos et Barré les postes de 10-15, Boudehent et encore Barré peuvent dépanner au centre. Moefana, lui, a déjà joué ailier avec le maillot bleu et nos deux ailiers, Attissogbe et Bielle-Biarrey, jouent parfois avec le numéro 15 dans le dos en club. Une polyvalence qui pourra aider Galthié en cas de blessures mais qui modifiera forcément l’animation offensive pas toujours bien huilée aujourd’hui.
Via RMC Sport