L’inqualifiable défaite 21-26 face au Racing samedi soir en Top 14 marque un tournant de l’ère Ronan O’Gara à La Rochelle. Le manager s’est longuement entretenu avec la presse, après une intervention du président Vincent Merling et une réunion entre membres du staff. Si aucune démission ou aucun changement en interne ne serait à l’ordre du jour, tout du moins dans l’immédiat, l’incisif irlandais ne mâche pas ses mots pour tenter de provoquer un électrochoc dans les rangs du club double champion d’Europe (2022, 2023). Quitte à évoquer la perspective d’un départ ou d’une opération maintien. Morceaux choisis.
Le match face au Racing: “Inacceptable pour une équipe de Top 14!”
“On a fait un match, surtout en première mi-temps, inacceptable pour une équipe Top 14! C’est notre réponse après notre défaite record (53-17) à Lyon, vous imaginez? C’est la honte, c’est inadmissible de jouer comme ça. Je suis certain que les joueurs ne font pas exprès de faire des fautes comme ça. On est tous déçus, surtout moi. On ne peut pas avoir beaucoup plus de semaines comme ça. Si on continue comme ça, la fin devient évidente pour tout le monde.”
La situation, après cinq défaites consécutives: “C’est une crise”
“C’est une crise, il n’y a pas d’autre mot. Maintenant, est-ce qu’on est capable de sauver quelque chose dans une crise? Ou cette crise va-t-elle démolir ce staff, cette équipe et ce groupe de joueurs? L’accepter, cette crise, est la première étape. C’est une période très faible mais, dans chaque cycle, il y a des moments forts et d’autres faibles […] C’est évident que ce club n’a pas l’ADN de Toulouse. Il n’y a pas cette histoire de “gagner, gagner, gagner!” Pour moi, il y a cette suffisance des deux titres (Champions Cup 2022 et 2023). C’est très clair. Où est passée cette motivation de se battre pour le club ? […] Vous avez le droit de poser des bonnes questions autour du groupe, du staff, toutes les choses. Je n’habite pas sur la Lune, je suis très conscient de notre niveau, c’est moi le plus grand responsable. Si tous mes adjoints continuent avec moi? Oui! (ferme).”
Son avenir: “Je vais me battre mais si le message ne passe pas, peut-être que c’est mieux sans moi”
“C’est mon club, j’aimerais me battre pour le club, faire toutes les choses nécessaires. Les rumeurs avec l’Australie (il s’est montré potentiellement intéressé par le poste de sélectionneur des Wallabies dans une récente interview, ndlr), ce n’était pas du tout vrai. […] Mon état d’esprit? Je suis dégoûté. Mais c’est dans le dur que tu forges ton caractère. Maintenant, il n’y a aucune preuve que je suis capable de sortir l’équipe de cette crise, mais je vais me battre et ça me donne énormément d’envie de le faire […] Où étaient l’énergie et l’attitude aujourd’hui? Peut-être que le message ne passe pas, qu’on est dans un cercle vicieux. Il y a une vraie option: si le message ne passe pas, peut-être que c’est mieux sans moi.”
Son rapport au groupe: “Il y a une fracture dans la compréhension”
“Non, il n’y a pas de fracture entre moi et mes joueurs. Mais quand tu regardes la performance de la première mi-temps, il y a vingt décisions où l’on doit mieux faire. Il y a une fracture dans la compréhension. C’est différent. Aujourd’hui, on a joué large-large toute l’après-midi…Le message était sur un jeu plus direct […] Je dois donner plus de confiance à ce groupe fort. Mais en ce moment vous avez le droit de demander aussi si les joueurs se battent pour le staff, pour moi ? A l’évidence, aujourd’hui, non ! Je pense que les joueurs n’ont pas conscience des standards de la première mi-temps.”
La suite de la saison: “Accepter la réalité qu’on se bat pour le maintien”
“On est dans une crise. Si l’on n’est pas fort mentalement, on peut encore chuter plus. Ça c’est la réalité […] Tout est possible… Il n’y a aucune évidence sur le fait de casser cette dynamique. On est à 10 points (9 points des deux dernières places). C’est deux victoires. Encore deux défaites… On doit accepter la réalité qu’on se bat pour le maintien. Si on est capables de gagner un match, on aura peut-être une autre discussion. Mais d’accepter la réalité, c’est hyper important. De jouer comme ça, à la maison, devant nos supporters, c’est… Au minimum, c’est frustrant.”
Les sifflets de Deflandre à la mi-temps: “En tribune, j’aurais fait la même chose”
“C’est la première fois en cinq ans, je pense. Mais on mérite ça. J’aime bien ça. J’adore le public ici. Ils ont vraiment du respect envers moi, ma famille. Ce club est hyper important pour moi. Si j’étais en tribune, je pense que j’aurais fait la même chose. Ils ne sont pas contents. Moi non plus. On a vraiment besoin qu’ils restent avec nous car on n’a pas de confiance. S’il y a ça et la capacité pour nous de travailler dur, ça peut changer l’ambiance et l’attitude très vite.”