Le troisième ligne international Français Paul Boudehent s’est longuement confié via Midi Olympique, ce mercredi.
A l’approche du choc contre l’Irlande, ce-dernier l’a annoncé d’entrée de jeu : il s’agit d’une demi-finale pour les Bleus. Extrait:
Comme une demi-finale. Si on veut gagner le Tournoi, nous devons battre l’Irlande puis l’Écosse. On est tous super excités à l’idée de relever ce défi. […] On est évidemment méfiants, je ne vais pas vous rappeler le palmarès de notre prochain adversaire ; mais c’est une pression positive. Ce sera un match énorme, samedi…
Il refuse de relativiser la large victoire du XV de France contre l’Italie. Extrait:
Tout le monde trouve normal que l’on gagne à Rome mais cette équipe transalpine monte pourtant en puissance, ces derniers temps. Je vous en parle d’autant plus facilement qu’avec La Rochelle, on a été battus par Trévise en Champions Cup (32-25). L’an passé, je vous rappelle aussi que si leur buteur (Paolo Garbisi) avait eu un peu plus de réussite, les Italiens nous auraient battus à Lille (13-13). […] Il faut arrêter d’être arrogant vis-à-vis des Italiens. Ce n’est pas donné à tout le monde de leur mettre 70 points. Quoi qu’on en pense.
Dans la foulée, il affirme ne pas faire attention aux parfois piquantes des Irlandais sur le terrain. Extrait:
Alors sincèrement, quand je joue le Leinster, je suis obligé de me placer à un niveau de concentration maximal. Je suis dans ma bulle et je ne me rends pas compte de tout ça. Je veux dire, le Leinster et l’Irlande te demandent tellement d’énergie et de sang-froid que si tu commences à faire attention à leurs paroles, tu te fragilises et eux s’y engouffrent.
Selon lui, le joueur Irlandais le plus difficile à maitriser est le centre Bundee Aki. Extrait:
Bundee Aki, c’est vraiment un client. Physiquement, il est impressionnant. Mais dans un registre différent, le numéro 8 Caelan Doris est tout aussi difficile à prendre : il joue très bien ses duels, a de bons appuis, de belles attitudes au contact…
Aussi, Paul Boudehent évoque les turnovers effectués par Fabien Galthié avec parfois certains joueurs cadres éjectés de la feuille de match. Extrait:
Je me mets à la place des joueurs concernés. Dans un premier temps, il y a de la frustration et peut-être même un peu d’énervement. Mais je pense que dans le fond, c’est ce qui nous aide aussi à nous maintenir en éveil. Un mec comme Damian (Penaud) fait partie des plus grands joueurs de cette équipe. Il n’a pas joué en Italie mais a la confiance de tout le monde, dans le groupe. Je suis sûr qu’il a fait le point sur lui-même et qu’il va revenir avec plus de volonté, plus d’envie. Je ne suis pas dans sa tête mais que ce soit pour lui ou les autres joueurs, le message est celui-ci : place à la méritocratie. Avec la concurrence qui existe dans ce groupe France, on doit tous mettre les bouchées doubles.
Beaucoup de joueurs ont été au sommet de la gloire et deux ans plus tard, personne ne les reconnaît pourtant en tribunes. Tout ça, c’est fugace, fragile… Je le vois bien : quand un mec se pète six mois, les gens ne pensent plus à lui. Mais pour en revenir à votre question, je trouverais dommage, oui, de disparaître après une bonne tournée ou quelques matchs honnêtes. […] Faire un bon match, on en est tous capables. Mais ce qui fait un grand joueur, c’est sa capacité à rester cinq ou dix ans au meilleur niveau. Moi, j’aimerais m’inscrire dans le temps.
Paul Boudehent évoque la possibilité de le voir jouer au poste de centre en cas de pépin physique, étant donné le banc avec sept avants pour seulement un trois-quarts. Extrait:
Pas plus que ça, non. À Angers et à Nantes, les clubs de mes débuts, je jouais centre. Ce fut même mon poste jusqu’à mes 16 ans. À La Rochelle, il m’est même parfois arrivé de dépanner à l’aile. Les centres et les troisième ligne défendent toujours côte à côte. Si je me retrouve au poste de numéro 12, je saurai m’adapter parce que dans cette zone, c’est très frontal. En revanche, c’est beaucoup plus dur en deuxième centre ou à l’aile, avec les appels dans le dos et tout le reste… Là, tu as moins de repères. Tu fais au mieux, quoi…
Paul Boudehent est réputé pour être l’un des plus grand blagueurs du groupe France. Il raconte une drôle d’anecdote. Extrait:
Pendant la dernière Coupe du monde, on avait un peu chargé un mec du staff, dont je tairai le nom. Je lui avais frotté sa brosse à dents avec des boules puantes, planqué ses chaussures… Peu après, il était venu me voir car il soupçonnait quelqu’un d’autre. Ça me faisait marrer. “- Paul, tu ne sais vraiment pas qui a pu faire ça ? – Non, non, promis… Mais si j’entends quoi que ce soit, tu peux compter sur moi…”
Il y a surtout Shaun Edwards (l’entraîneur de la défense). C’est ma victime préférée, lui. Comment dire ? Il passe vite à autre chose, Shaun. Je peux donc lui faire trois fois la même blague en cinq minutes, c’est comme s’il la découvrait à chaque fois. (rires)